- 1. La globalisation hier et aujourd'hui
- 2. Les bénéfices escomptés de la globalisation financière
- 3. Crises financières : la responsabilité partagée des gouvernements et des marchés
- 4. La fragilité intrinsèque d'une finance globalisée
- 5. Le Fonds monétaire international et la globalisation financière
- 6. La globalisation financière au début du XXIe siècle
- 7. Bibliographie
MONDIALISATION Globalisation financière
Le Fonds monétaire international et la globalisation financière
Le F.M.I. a été l'un des promoteurs du « consensus de Washington » prônant l'ouverture financière des pays émergents dans les années 1990. Les crises qui ont suivi l'ont exposé à de violentes critiques sur son rôle non seulement – et assez logiquement – dans leur genèse, mais aussi lors de ses interventions une fois la crise enclenchée. Le rôle que le F.M.I. doit jouer dans une situation de finance globalisée dépend fondamentalement du diagnostic qu'on retient des crises financières.
Le rôle du F.M.I. remis en question
Si l'on adopte l'interprétation dite « fondamentale » de la crise, où les gouvernements des pays émergents sont les premiers responsables du fait de régulations financières trop laxistes, de garanties implicites sur les investissements risqués, voire de népotisme et corruption, le rôle à jouer par le F.M.I. n'est pas clair. Après tout, pourquoi la communauté internationale devrait-elle payer pour des gouvernements nationaux qui ont commis des erreurs ou des irrégularités, ou pour des investisseurs privés qui ont accepté librement de prêter aux premiers ? Certains économistes libéraux pensent même que l'engagement du F.M.I. d'intervenir en cas de crise (sous la forme de prêts aux gouvernements défaillants permettant de payer les créditeurs) crée une forme d'aléa moral, car il incite les gouvernements et les investisseurs internationaux à prendre trop de risques. Il n'est cependant pas établi que cet effet soit très important dans la réalité : les plans de sauvetage du F.M.I. dans le cas des crises financières des années 1990 ont été très importants historiquement mais négligeables par rapport à ce que les pays eux-mêmes et les investisseurs internationaux ont perdu.
En revanche, ce cadre d'analyse peut légitimer le principe de conditionnalité qui subordonne à des réformes structurelles l'aide financière que le F.M.I. accorde à un pays en situation de crise. En effet, si les problèmes de réglementation financière trop laxiste, de corruption, de népotisme sont à l'origine des crises dans ces pays émergents, on peut justifier que le F.M.I. serve à discipliner les gouvernements de ces derniers. Cet argument est cependant vigoureusement critiqué par les opposants à la globalisation car la conditionnalité remet en cause la souveraineté des pays et impose des réformes souvent douloureuses sur le plan social.
Il est ainsi frappant de constater que ceux qui appellent à une diminution du rôle du F.M.I. viennent de bords très opposés : d'un côté les économistes libéraux, rétifs à toute intervention publique, et de l'autre les opposants à la globalisation qui accusent le F.M.I. d'aggraver la situation sociale des pays en crise.
Vers une redéfinition du rôle du F.M.I.
Dans la seconde interprétation, selon laquelle les crises financières sont engendrées par les phénomènes d'anticipations auto-réalisatrices et de panique, la justification du rôle du F.M.I. apparaît plus claire car il existe bien une défaillance du marché appelant une intervention publique au niveau international. Le rôle que doit prendre cette intervention, à la fois ex ante pour prévenir les crises et ex post une fois la crise avérée, n'est cependant pas évident à déterminer. Ex ante, les restrictions sur les mouvements de capitaux (à la fois les entrées et les sorties) peuvent limiter l'instabilité. Il existe donc un arbitrage difficile entre la prévention des crises qu'autoriseraient ces restrictions, et les coûts qu'elles engendreraient pour le financement des investissements et la croissance. Ex post, le F.M.I. doit-il et peut-il se transformer en prêteur international en dernier ressort ? Doit-il se transformer en un intermédiaire facilitant la négociation entre les pays en cessation de paiement et les investisseurs[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Philippe MARTIN : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- Dominique PLIHON : professeur émérite d'économie, université Sorbonne Paris nord
Classification
Média
Autres références
-
MONDIALISATION (sociologie)
- Écrit par Denis COLOMBI
- 2 364 mots
Le terme mondialisation (globalization en anglais) s’est imposé pour désigner une interconnexion croissante à l’échelle mondiale : les personnes, les institutions, les lieux et, plus généralement, les sociétés seraient de plus en plus reliés par-delà les frontières nationales, du fait de l’accroissement...
-
FRANCE - (Le territoire et les hommes) - Espace et société
- Écrit par Magali REGHEZZA
- 14 014 mots
- 4 médias
...croissante de l’économie française à l’international est un fait marquant des années 1980, qui s’est accéléré dans les années 2000. L’intégration à la mondialisation et son corollaire, l’insertion dans la régionalisation européenne, entraînent des mutations rapides et profondes de l’appareil productif... -
AÉRONAUTIQUE CIVILE (INDUSTRIE)
- Écrit par Georges VILLE
- 2 387 mots
La construction aéronautique civile s'insère, dès les années 1950, dans la mondialisation en raison du caractère international du transport aérien et de ses propres spécificités ; ainsi, une analyse macro-économique simple montre que le niveau global des livraisons (de l'ordre de 800 à 1 000 appareils... -
AGRICOLE RÉVOLUTION
- Écrit par Abel POITRINEAU et Gabriel WACKERMANN
- 8 076 mots
...changé les dimensions de celle-ci. Les accords de Bretton Woods (1944) et la création du Fonds monétaire international ont donné le départ d'une ère de mondialisation des affaires à laquelle l'agriculture a été partie prenante au même titre que l'industrie et le tertiaire ; déjà fortement industrialisée,... -
ALTERMONDIALISME
- Écrit par Christophe AGUITON , Encyclopædia Universalis et Isabelle SOMMIER
- 6 805 mots
- 1 média
...fondatrice de la protestation contre le sommet de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle en décembre 1999, l'expression « mobilisation contre la mondialisation néolibérale », avec ses déclinaisons nationales (« antimondialisation » en France, « no-global » en Italie par exemple),... - Afficher les 85 références