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MONDIALISATION Globalisation financière

La globalisation financière au début du XXIe siècle

Les soubresauts qui ont ébranlé le système financier international en ce début de xxie siècle ont relancé le débat sur la nature et les bienfaits supposés de la globalisation financière. On constate en effet que le développement de la finance à l’échelle planétaire a, d’une part, aggravé l’instabilité de l’économie mondiale et, d’autre part, n’a pas permis de résoudre de manière satisfaisante le problème de l’allocation des ressources financières entre les différentes régions de la planète. Par ailleurs, il apparaît que la crise n’a pas entraîné une diminution du poids exorbitant de la finance globalisée

La finance spéculative est devenue prépondérante

Dans le passé, la fonction du système financier international était d’assurer le financement du commerce international et des balances des paiements. Or les flux financiers internationaux ont connu récemment une progression explosive sans commune mesure avec les besoins de l’économie mondiale. D’après les estimations de la Banque des règlements internationaux, la taille du marché des changes – sur lequel les monnaies nationales sont échangées – a pratiquement décuplé depuis 1989, et a progressé de 30 p. 100 de 2010 à 2013. Cette année-là environ 5 300 milliards de dollars, soit l’équivalent de 2,5 fois le P.I.B. annuel de la France, ont été échangés chaque jour sur le marché des changes mondial. Par ailleurs, les transactions de change induites par les opérations financières sont 100 fois plus importantes que celles liées au commerce international des biens et services. L’interprétation de ces chiffres est simple : la finance internationale se développe désormais selon sa propre logique qui n’a plus qu’un rapport indirect avec le financement de la croissance économique. L’essentiel des opérations financières consiste en des va-et-vient incessants, de nature spéculative, entre les monnaies et les différents instruments financiers. Ce constat n’a rien de surprenant : on sait depuis Keynes que le développement rapide et non contrôlé des marchés financiers entraîne fatalement leur dérive spéculative : « Le risque de prédominance de la spéculation grandit à mesure que l’organisation des marchés financiers progresse » (Théorie générale, chapitre 12, 1936)

L’instabilité et les crises au cœur de la finance globalisée

L’accélération du processus de globalisation financière est allée de pair avec la montée de l’instabilité sur la planète. Les années 1990 se sont caractérisées par la récurrence des crises bancaires et des crises de change, que ce soit en Europe (crise du Système monétaire européen de 1992-1993), ou dans les pays émergents d’Asie, d’Amérique latine ou d’Europe centrale et orientale à la fin des années 1990. Le début du xxie siècle est marqué par des crises de grande ampleur dans les pays les plus avancés. D’abord la crise Internet de 2000, qui se traduit par un krach boursier, suivi de scandales financiers liés aux malversations de grandes entreprises (Enron, Xerox, Vivendi Universal…). Ensuite la crise des subprimes, née dans le secteur bancaire des États-Unis en 2007, à la suite du dégonflement de la bulle immobilière et qui s’est propagée à l’échelle internationale pour engendrer une crise économique mondiale, la plus grave depuis 1929. Enfin, à partir de 2009, la crise des dettes souveraines dans la zone euro a montré la vulnérabilité de la zone euro face aux mécanismes de la finance mondiale.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
  • : professeur émérite d'économie, université Sorbonne Paris nord

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Média

Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt, 1978 - crédits : Bettmann/ Getty Images

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