MONDIALISATION Histoire de la mondialisation
La mondialisation économique désigne un processus d'intensification des échanges internationaux de toute nature : marchandises, capitaux, informations... Ce n'est ni un phénomène économique nouveau, ni un phénomène irréversible. À d'autres périodes de l'histoire correspondent d'autres formes de mondialisation, qui parfois ont pris fin dans une phase de repli autarcique. Le phénomène actuel se caractérise toutefois par son ampleur et son intensité.
Les différentes vagues de mondialisation font ressortir des déterminants communs : les révolutions industrielles et les innovations qui y sont associées (machines à vapeur, moteur à combustion, électricité, téléphone, informatique et Internet...), l'abaissement des coûts de transport et des transactions internationales entraîné par ces révolutions (routes, canaux, chemins de fer, avion, réseaux numériques), les politiques de libéralisation (traités et zone de libre échange, négociations multilatérales du G.A.T.T., abaissement des barrières tarifaires) et de déréglementation des marchés (limitation des monopoles d'État, instauration et surveillance de la concurrence).
Un fait majeur reste préoccupant dans la mondialisation actuelle : les pays en développement ne parviennent pas à rattraper les pays développés. Cette divergence économique masque toutefois d'importantes disparités. Tout d'abord, si les écarts de revenu par habitant en valeur absolue s'accroissent, l'hétérogénéité est grande. La forte croissance des pays de l'Est asiatique a permis, dans cette région du monde, une vive progression du revenu par habitant et un rattrapage, alors que l'écart s'est creusé au contraire pour les pays d'Afrique sub-saharienne. Les degrés d'ouverture ou de fermeture des économies sont aussi extrêmement divers. Parmi les pays en développement, on peut distinguer des pays « globaliseurs » fortement ouverts sur l'extérieur et dont les chiffres de croissance contrastent avec ceux des pays « non-globaliseurs » qui, eux, se referment.
Au-delà de ces différences, l'accent est mis désormais sur les problèmes de gouvernance publique, en particulier sur les mécanismes démocratiques. La démocratie est à la politique ce que la concurrence est à l'économie. L'un sans l'autre peut provoquer d'importants blocages soulignés notamment par Joseph Stiglitz (La Grande Désillusion, 2002). La mondialisation ne profitera aux pays émergents que s'ils parviennent à mettre en œuvre une bonne gouvernance publique, avec peu de corruption et un vrai système d'élections démocratiques.
Mondialisations d'hier et d'aujourd'hui
Les racines européennes de la mondialisation
Dès l'Antiquité, les navigateurs phéniciens, les cités maritimes de Grèce, puis Rome établissent des réseaux d'échanges à travers la Méditerranée. Les relations commerciales s'étendent de l'Égypte et de l'Orient profond jusqu'aux côtes espagnoles. L'intensification des échanges de céréales, de métaux, de produits artisanaux est déjà soutenue par le progrès des techniques de navigation.
Avec la chute de l'Empire romain et l'ère des invasions, le pouvoir politique se morcelle en Occident. L'insécurité grandit et le commerce à longues distances connaît du ve au xe siècle un net ralentissement. Il renaît entre le xe et le xive siècle avec l'essor des villes marchandes d'Italie, qui fondent leur puissance sur la constitution de réseaux commerciaux transfrontières. Venise, la plus puissante de ces cités, achète des esclaves, des bois et du fer en Occident, qu'elle vend aux Byzantins et aux musulmans contre des épices, de la soie venue d'Extrême-Orient, des parfums en provenance d'Arabie... À partir du xiie siècle, les foires régionales[...]
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Écrit par
- Bertrand BLANCHETON : professeur de sciences économiques à l'université de Bordeaux-IV-Montesquieu
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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