MONDIALISATION Histoire de la mondialisation
L'intégration financière internationale
L'intégration financière désigne une situation dans laquelle les capitaux circulent sans entraves à l'échelle de la planète. Les marchés nationaux de capitaux s'intègrent alors en un marché unique de l'argent. C'est un processus ambivalent : puissant facteur de développement, il soumet aussi les économies à plus de contraintes, de volatilité et d'instabilité.
Ouverture - fermeture
A partir du milieu du xixe siècle, des avancées décisives sont réalisées dans le domaine de la transmission instantanée de l'information. Morse invente le télégraphe en 1844 et, dès 1851, un premier câble transmanche est posé ; en 1913, la longueur des réseaux télégraphiques représente déjà onze fois le tour de la Terre. L'essor du téléphone (Bell, 1875) amplifie ce mouvement.
Ces avancées techniques facilitent grandement la circulation internationale des capitaux. Banquiers, spéculateurs, épargnants peuvent acheter et vendre des titres sur l'ensemble des grandes places financières mondiales. Leurs interventions tendent à réduire les écarts de rendements entre les places et donc à rapprocher les marchés nationaux de capitaux. Ce processus d'intégration financière s'intensifie jusqu'en 1914. Les mouvements de capitaux originaires d'Europe occidentale (l'Angleterre est alors le banquier du monde) financent des projets de développement (réseaux de chemins de fer, assainissement et éclairage des villes, extractions minières, etc.) dans des pays neufs comme la Russie, l'Argentine, l'empire ottoman...
Mais l'instauration d'un contrôle des opérations de change durant la Première Guerre mondiale, puis son maintien pour freiner la spéculation durant l'entre-deux-guerres restreignent les mouvements internationaux de capitaux. À la fin des années 1930, la segmentation des marchés financiers nationaux est quasi totale. La réouverture financière des économies est beaucoup plus tardive que leur réouverture commerciale. Au sein du système de change fixe de Bretton Woods en vigueur entre 1944 et 1971, les entraves aux mouvements de capitaux sont maintenues afin de pouvoir combiner la stabilité des cours de change et l'autonomie des politiques monétaires nationales.
Réouverture financière
Le coup d'envoi de la réouverture financière des économies est donné en 1979 : à la suite du sommet des cinq pays les plus industrialisés de Tōkyō, la Grande-Bretagne de Margaret Thatcher lève son contrôle des changes. La vague de libéralisation s'étend dans les années 1980, parfois sous la pression d'institutions financières internationales comme le Fonds monétaire international.
Le degré d'intégration financière atteint en 1913 est retrouvé dans les années 1990, puis ensuite largement dépassé. Depuis la fin des années 1990, il s'échange chaque jour sur le marché des changes (là où sont échangées les devises) près de 2 000 milliards de dollars, soit l'équivalent du P.I.B. annuel de la France.
Un facteur de développement
La mobilité internationale des capitaux peut favoriser le développement économique : un investisseur étranger crée une entreprise, embauche et forme des travailleurs locaux, tisse des liens avec les fournisseurs locaux, autant de leviers pour la croissance et l'emploi. De même, la mobilité des capitaux favorise une meilleure allocation entre l'épargne et l'investissement : de bons projets d'investissement trouvent des financements venus de l'extérieur, alors qu'auparavant ils pouvaient être rationnés. Elle améliore aussi la liquidité des marchés (c'est-à-dire la capacité des émetteurs à placer leurs titres auprès d'investisseurs) et contribue à abaisser le coût du capital à l'échelle mondiale. Enfin, à travers des investissements de portefeuilles, la mobilité des capitaux[...]
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Écrit par
- Bertrand BLANCHETON : professeur de sciences économiques à l'université de Bordeaux-IV-Montesquieu
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias
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