MONDIALISATION Pour une régulation économique internationale
L'action collective dans la finance globale
La globalisation financière a été le processus d'intensification des interdépendances qui a mis le plus fortement en défaut les principes, hérités de Bretton-Woods, d'assistance mutuelle entre États. Les nombreuses crises monétaires et financières observées depuis les années 1970 témoignent des difficultés de la mutation en cours. La transformation d'une finance dirigée par les gouvernements en une finance mue par les marchés et son extension mondiale ont modifié les répercussions des perturbations économiques entre les pays. Des risques liés à l'instabilité des marchés financiers ont pris une grande importance. Les crises ont déclenché des processus de contagion généralisés. Ces phénomènes montrent que la stabilité financière est devenue l'un des biens publics globaux dont la réalisation passe par un changement profond des principes de gouvernance.
Ces principes ne se transforment pas par la construction d'un grand projet solennellement négocié. Il n'y aura pas de conférence mondiale sur le modèle de Bretton-Woods pour réformer les institutions publiques internationales. La globalisation financière et les changements dans les relations monétaires internationales constituent des évolutions qui interagissent dans la longue durée. Il en est ainsi de l'adaptation des règles prudentielles (normes internationales de solvabilité telles que le ratio Cooke), des missions du F.M.I., des régimes de change. Mais le retard permanent de la régulation publique sur les innovations financières privées montre que cette évolution ne peut se contenter d'être un processus au fil de l'eau qui progresse par petites touches. Parce que l'intégration financière internationale est en train de se transmettre aux systèmes de paiements, le système monétaire international peut être conduit à de grandes réformes.
Crises financières : le venin de la contagion
La fragilité est devenue un trait majeur de la finance moderne. Or l'expérience de la Russie avant 1998 et de l'Argentine au début des années 2000 montre que l'étranglement de la liquidité en période de crise financière paralyse les systèmes de paiements et, par conséquent, les échanges intérieurs. La crise pénètre au sein des structures intimes de l'économie défaillante parce que le bon fonctionnement du système des paiements est ce qui fait la cohérence d'une économie nationale. De plus, les crises financières déclenchées par l'endettement international ne restent pas toujours confinées aux pays d'origine. Elles se propagent par contagion. Une difficulté locale se transforme en crise globale : la crise systémique.
La contagion montre l'importance cruciale de la liquidité. Or la liquidité est une question de confiance. Lorsqu'elle fait brusquement défaut, de nombreux prix d'actifs financiers subissent des discontinuités qui placent des agents financiers devant des pertes non anticipées. Celles-ci créent un climat d'inquiétude dans une communauté d'opérateurs financiers beaucoup plus vaste. Des agents qui se portaient contreparties de ventes de titres ou renouvelaient régulièrement des créances ne le font plus. Le processus de disparition de la liquidité s'étend d'un marché à l'autre, d'autant plus qu'ils sont étroitement interconnectés. Les faillites se multiplient et le crédit se contracte.
C'est pourquoi les mouvements violents des capitaux internationaux déstructurent des systèmes financiers entiers et provoquent des effets réels sans commune mesure avec d'éventuelles erreurs de politique économique ou des déséquilibres internes dans l'accumulation du capital. La crise systémique a sa logique propre qui aboutit à des situations déprimées, que les comportements privés ne peuvent corriger spontanément.[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Michel AGLIETTA : professeur à l'université de Paris-X-Nanterre, C.E.P.I.I.
Classification
Autres références
-
MONDIALISATION (sociologie)
- Écrit par Denis COLOMBI
- 2 364 mots
Le terme mondialisation (globalization en anglais) s’est imposé pour désigner une interconnexion croissante à l’échelle mondiale : les personnes, les institutions, les lieux et, plus généralement, les sociétés seraient de plus en plus reliés par-delà les frontières nationales, du fait de l’accroissement...
-
FRANCE - (Le territoire et les hommes) - Espace et société
- Écrit par Magali REGHEZZA
- 14 014 mots
- 4 médias
...croissante de l’économie française à l’international est un fait marquant des années 1980, qui s’est accéléré dans les années 2000. L’intégration à la mondialisation et son corollaire, l’insertion dans la régionalisation européenne, entraînent des mutations rapides et profondes de l’appareil productif... -
AÉRONAUTIQUE CIVILE (INDUSTRIE)
- Écrit par Georges VILLE
- 2 387 mots
La construction aéronautique civile s'insère, dès les années 1950, dans la mondialisation en raison du caractère international du transport aérien et de ses propres spécificités ; ainsi, une analyse macro-économique simple montre que le niveau global des livraisons (de l'ordre de 800 à 1 000 appareils... -
AGRICOLE RÉVOLUTION
- Écrit par Abel POITRINEAU et Gabriel WACKERMANN
- 8 076 mots
...changé les dimensions de celle-ci. Les accords de Bretton Woods (1944) et la création du Fonds monétaire international ont donné le départ d'une ère de mondialisation des affaires à laquelle l'agriculture a été partie prenante au même titre que l'industrie et le tertiaire ; déjà fortement industrialisée,... -
ALTERMONDIALISME
- Écrit par Christophe AGUITON , Encyclopædia Universalis et Isabelle SOMMIER
- 6 805 mots
- 1 média
...fondatrice de la protestation contre le sommet de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle en décembre 1999, l'expression « mobilisation contre la mondialisation néolibérale », avec ses déclinaisons nationales (« antimondialisation » en France, « no-global » en Italie par exemple),... - Afficher les 85 références