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MONGO

Les Mongo habitent la forêt équatoriale qui occupe, dans le nord de la République démocratique du Congo, la cuvette limitée par la boucle du Congo à l'ouest, au nord et à l'est, et par le Kasaï au sud. Ils parlent une langue bantoue diversifiée en dialectes. Les principales communautés qui constituent l'ensemble mongo sont, à l'ouest, les Mongo proprement dits, les Ekonda, les Nkundo, les Mbole ; au sud-est, les Tetela, ethnie de Lumumba. Le groupe entier était estimé à environ quatre million et demi à la fin du xxe siècle.

Économie et organisation sociale

Avant l'arrivée des Européens, les Mongo exploitaient leur biotope forestier de diverses façons. La chasse, activité masculine, était restée importante. On la pratiquait individuellement ou en groupe, par poursuite, encerclement ou piégeage. Le partage du butin entre la parenté était soumis à des règles précises. La pêche était pratiquée par ceux qui vivaient près des rivières. La cueillette de fruits sauvages, de champignons, de tubercules et la récolte de miel, de chenilles et larves du bois fournissaient un appoint alimentaire. Dans les clairières, la culture principale était celle du manioc ; puis venaient le maïs et l'igname, la canne à sucre et certains légumes.

Poterie, vannerie, taille d'objets de bois sont des artisanats encore florissants. Les fonderies de fer, jadis renommées, ont disparu. Les forgerons ne fabriquent plus que l'outillage de la chasse et de la pêche ; un rituel compliqué témoigne de leur importance passée. En plus des armes et des outils, ils battaient les monnaies : bracelets et chevillères de cuivre, lances de fer laissées à l'état d'ébauche. Ces objets, dotés d'une valeur conventionnelle précise, circulaient dans tout le pays mongo et au-delà.

Les Mongo n'avaient pas d'organisation politique unifiée. Le pouvoir était détenu par les chefs des lignages patrilinéaires. Sur le plan territorial, ces lignages correspondaient au village, ou à une partie de village. Les lignages, qui ne cessaient de se segmenter, étaient exogames des côtés paternel et maternel. L'accueil des parents, spécialement du côté maternel, constituait une obligation. L'ethnologue G. Murdock, examinant les termes de parenté des Mongo occidentaux, y décèle les vestiges d'une ancienne organisation matrilinéaire. Dans la terminologie, en effet, on retrouve le modèle Crow classique, qui est associé partout ailleurs avec la descendance matrilinéaire. Cette anomalie est expliquée par l'institution de la nkita : lorsqu'une fille se mariait, les biens matrimoniaux reçus pour elle pouvaient être utilisés pour procurer une épouse à l'un de ses frères. Cette épouse était la nkita de sa belle-sœur, qui elle-même devenait nkolo. Les fils de la nkita ne pouvaient hériter de leur père que parce que celui-ci avait employé les biens de mariage de sa sœur pour épouser leur mère ; la succession patrilinéaire était donc justifiée par une raison qui relève de l'ordre matrilinéaire. D'autre part, les fils de la nkolo avaient des droits sur leur oncle maternel, le mari de la nkita : il était obligé de leur donner les biens nécessaires à leur mariage si leur propre père ne pouvait le faire, et, dans ce cas, ils passaient avant les fils de la nkita. Ainsi, chez les Mongo, les survivances du système matrilinéaire jouaient dans les cas où le patrilignage était déficient. Elles sont donc justifiées fonctionnellement.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Californie à Los Angeles

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