HAAS MONIQUE (1909-1987)
Le grand-père de Monique Haas était natif du Palatinat, mais c'est dans une famille française qu'elle voit le jour, à Paris, le 20 octobre 1909. Attirée très tôt par la musique, elle fait ses études au Conservatoire national supérieur de Paris, où elle est l'élève de Lazare-Lévy (piano), Charles Tournemire (musique de chambre), Maurice Emmanuel (histoire de la musique) et Suzanne Demarquez (harmonie). Nantie d'un premier prix de piano, elle continue à travailler, en privé, avec Robert Casadesus et Rudolf Serkin. Le violoniste et compositeur roumain Georges Enesco lui révèle les secrets de l'accompagnement et de la musique de chambre et c'est avec lui qu'elle fait ses débuts à Paris, en 1928. Sa carrière se développe assez rapidement, seule ou en sonate (avec Enesco ou avec le violoncelliste Pierre Fournier). Elle épouse le compositeur d'origine roumaine Marcel Mihalovici (1898 - 1985) et évolue dans un milieu fréquenté par de nombreux jeunes compositeurs étrangers (Bohuslav Martinů, Alexandre Tansman, Conrad Beck...). Elle cesse toute activité pendant la guerre et sa carrière prend son véritable essor international dans les années 1950, notamment en Allemagne, où elle est considérée, après la disparition de Walter Gieseking, comme l'interprète privilégiée de la musique de Debussy et de Ravel.
Son répertoire consacre une large place à la musique du xxe siècle, tant du côté des « classiques », Debussy et Ravel – dont son enregistrement de l'intégrale de l'œuvre pour piano, réalisé à la fin des années 1960 et au début des années 1970, fera alors autorité –, que des nouveaux compositeurs de l'époque – Igor Stravinski, Paul Hindemith, Karl Amadeus Hartmann, Darius MilhaudOlivier Messiaen, Pierre Boulez ou Mihalovici. En 1968, elle est nommée professeur au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, fonction qu'elle exerce pendant un an, se consacrant par la suite à un enseignement privé alors que sa santé ne lui permet plus de poursuivre sa carrière Elle meurt à Paris le 9 juin 1987.
Milhaud lui a dédié sa Deuxième Sonate pour piano (1950), Florent Schmitt son cycle Enfants (1941), Mihalovici sa Toccata pour piano et orchestre (créée en 1939 sous la direction de Charles Münch), ses Ricercari (1945) et sa Sonate pour piano (1970). Elle a en outre créé la plupart des œuvres pour piano de son mari. La solidité de son jeu, son sens naturel de la construction et des ressources sonores du piano, son sens du rythme la prédisposaient à servir davantage le répertoire du xxe siècle que Mozart ou les romantiques. Sa vision de la musique de Debussy et de Ravel était empreinte d'une rigueur qui s'affirmera plus tard sous les doigts des pianistes français de la jeune génération (Michel Beroff, Jean-Philippe Collard, Pascal Rogé...).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
Classification