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MONOPHYSISME

Terme d'origine grecque (de monos, unique, et phusis, nature) désignant, dans le cadre des discussions relatives à la divinité et à l'humanité du Christ, un courant doctrinal complexe qui refusait les termes, ou la réalité, de la définition du concile œcuménique de Chalcédoine (451). Selon ce concile, le Christ, à la fois vrai Dieu et homme véritable, est néanmoins « une seule personne en deux natures » unies sans mélange et sans confusion. Il faut distinguer, dans l'opposition à Chalcédoine, l'enseignement officiel des Églises monophysites et celui de certains groupes extrêmes.

En refusant de parler de deux natures dans le Christ, les Églises orientales mettent peut-être en danger, mais sans la sacrifier, le dogme de l'intégrité humaine du Christ. À cet égard, il convient de souligner que le monophysisme commença par être orthodoxe. Il n'a pas manqué de se réclamer de la fidélité à la formulation de saint Cyrille d'Alexandrie, pour qui il n'y avait en Jésus, après l'union de la divinité et de l'humanité, qu'une seule nature du Verbe de Dieu (« une phusis du Verbe de Dieu incarnée »). Mais, à cette étape de l'élaboration du vocabulaire christologique, phusis avait le sens d'un être concret, subsistant en lui-même, et se trouvait être synonyme d'hypostase, sans désigner encore, comme après le concile de Chalcédoine, une nature abstraite et universelle, commune à plusieurs individus. Cette évolution se produisit lors de la discussion des thèses d'Eutychès, moine de Constantinople qui refusait que Jésus, consubstantiel à Dieu selon la nature divine, fût consubstantiel aux hommes selon la nature humaine. Condamné par un synode de cette ville (448), il fit appel au concile œcuménique. Celui-ci, réuni à Éphèse, le réhabilita ; mais pour avoir été manœuvré par Dioscore, patriarche d'Alexandrie, le concile, désormais appelé « brigandage d'Éphèse », vit ses décisions cassées à la faveur d'un changement d'empereur. La nouvelle assemblée, réellement œcuménique, de Chalcédoine lia l'orthodoxie, de façon décisive, au vocabulaire des deux natures.

La formulation cyrillienne, devenue fort ambiguë après Chalcédoine, n'en garda pas moins des partisans résolus, notamment dans les milieux monastiques d'Égypte et de Syrie. Ses principaux représentants doctrinaux furent Dioscore, Timothée Elure, Philoxène de Mabboug et surtout Sévère d'Antioche. Quant au monophysisme réel, il prit autant de formes qu'il y a d'explications possibles de l'union des deux natures. Signalons, parmi elles, le théopaschisme, pour qui Dieu le Verbe a éprouvé la douleur et la mort dans sa divinité, et l'aphtartodocétisme des disciples de Julien d'Halicarnasse, dont la thèse de l'incorruptibilité du corps du Christ avant la résurrection ne fut probablement pas sans influence sur la christologie du Coran.

Autant qu'une lointaine hérésie du passé, le monophysisme semble être une tentation permanente des chrétiens, prompts à voir la nature divine du Christ absorber, pénétrer ou dominer sa nature humaine.

— Hervé LEGRAND

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Écrit par

  • : professeur honoraire à l'Institut catholique de Paris

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