MONOTRÈMES ou PROTOTHÉRIENS
Reproduction
Comme les Reptiles, les Monotrèmes possèdent un cloaque constitué par la jonction du rectum et du sinus urogénital. Chez le mâle, le sinus urogénital se dédouble en un canal urinaire et une gouttière spermatique qui longe un organe érectile, un pénis bifide développé à la face ventrale du cloaque. Les testicules ne subissent pas de migration et ils restent, chez l'adulte, en position abdominale. Les canaux déférents atteignent le sinus urogénital au débouché de la vessie.
Chez la femelle, il n'y a pas de vagin, mais le sinus urogénital, large, en fait fonction. Son extrémité reçoit les deux uretères et les deux oviductes. Chez l'ornithorynque, l'ovaire et l'oviducte droits, réduits, ne sont pas fonctionnels.
C'est par leur mode de reproduction que les Monotrèmes (Protothériens) s'opposent aux autres Mammifères (Métathériens et Euthériens). Comme les Reptiles, ils sont ovipares ; l'œuf est volumineux, riche en vitellus (« télolécithe »), et la coquille mince, blanchâtre, parcheminée, riche en kératine, est calcifiée seulement chez l'ornithorynque. L'œuf d'ornithorynque mesure environ 18 mm sur 14 mm. La ponte (deux ou trois œufs) est déposée dans un nid de feuilles établi dans le terrier et maintenu constamment humide. La femelle en assure la garde et semble ne prendre aucune nourriture pendant l'incubation (huit jours environ). La lactation ne débute que quelques jours après l'éclosion.
Les mamelles des Monotrèmes sont assez différentes de celles des Marsupiaux et des Placentaires. Il s'agit plutôt d'une paire de « champs mammaires » localisés ventralement dans la région abdominale. Chaque champ est formé de une ou deux centaines de glandes tubulaires débouchant à la surface par autant de pores indépendants. À chaque pore est associé un gros poil le long duquel s'écoule la sécrétion que lèche le jeune. Le lait est épais, riche en protéines et en graisse.
Chez l'échidné femelle, en période de reproduction, la région mammaire s'entoure d'un repli cutané transitoire où les œufs sont déposés lors de la ponte. Cet incubatorium, où le jeune est conservé pendant quelques jours, n'est sans doute pas l'homologue de la poche des Marsupiaux.
Le développement embryonnaire rappelle celui des Reptiles ; les annexes embryonnaires s'édifient successivement. L'endoderme s'étale à la surface du vitellus pour former le sac vitellin ; l'ectoderme extra-embryonnaire développe autour de l'embryon la cavité amniotique. Une évagination tardive de l'intestin postérieur construit l'allantoïde où s'accumulent les produits de déchets et dont la paroi assure les échanges respiratoires. La membrane chorio-vitelline, par son feuillet endodermique, digère le vitellus ; elle a, sans doute aussi, un rôle respiratoire, au moins tant que l'allantoïde n'a pas atteint un certain développement.
Les embryons de Monotrèmes, à terme, possèdent un double dispositif de rupture de la coquille, comparable à ceux que l'on trouve chez les Sauropsidés. Chez les lézards et les serpents, l'embryon près d'éclore porte sur les prémaxillaires, en position médiane, une forte dent courbée et pointue, caduque. Cette « dent de l'œuf » n'existe pas chez les tortues ni chez les crocodiles et Sphenodon. Mais chez ces Reptiles ainsi que chez les Oiseaux, l'embryon près d'éclore est pourvu d'un autre dispositif, transitoire, de rupture de la coquille. C'est une pointe kératinisée, dure, située au bout du museau ou du bec, le « diamant » ou « caroncule ». Les Monotrèmes possèdent à la fois ces deux organes qui tombent peu après l'éclosion.
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Écrit par
- Yves FRANÇOIS : ancien professeur à la faculté des sciences, université de Paris-VII
Classification
Médias
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