- 1. La convergence des plaques et les types de chaînes de montagnes
- 2. Les chaînes de subduction
- 3. Les chaînes d'obduction
- 4. Les chaînes de collision
- 5. Les chaînes intracontinentales
- 6. Les chaînes composites
- 7. Les chaînes anciennes
- 8. Une tectonique de la lithosphère continentale
- 9. Les cycles orogéniques
- 10. Bibliographie
MONTAGNES Formation des chaînes de montagnes
Les chaînes composites
Nous avons vu qu'avant d'être emboutie par le continent indien, l' Eurasie était bordée au sud par une série de chaînes parallèles d'âge triasique (200 millions d'années), jurassique supérieur-crétacé inférieur (150 à 120 millions d'années) et éocène (50 à 40 millions d'années). Ces chaînes sont d'autant plus vieilles qu'elles occupent une position plus septentrionale. Tout se passe comme si, depuis 200 millions d'années, l'Eurasie grossissait progressivement par accolement de microcontinents d'origine australe, les « lignes » d'accolement correspondant aux limites de ces chaînes. Ainsi l'Himalaya-Tibet est une vaste chaîne de montagnes composite, formée par la juxtaposition de chaînes « élémentaires » d'âges différents et de microcontinents. Ces chaînes « élémentaires » sont elles-mêmes composites ; certaines d'entre-elles au moins résultent en effet de la superposition de subduction, d'obduction et de collision. Enfin, l'ensemble chaînes « élémentaires » et microcontinents a été affecté par une déformation intracontinentale.
Ainsi, pendant quelque 200 millions d'années, un même mécanisme affectant le manteau a fonctionné de façon permanente dans un territoire, surtout océanique, couvrant le quart de la planète. Ce mécanisme a morcelé la bordure d'un continent austral (le Gondwana) et peu à peu a accolé les fragments à un continent septentrional (l'Eurasie). Il est probable que les chaînes asiatiques ne sont pas les seules à s'être formées de la sorte et qu'on retrouve ce mécanisme dans les cordillères nord-américaines. On voit ainsi comment l'étude des chaînes de montagnes permet de saisir certains mécanismes géologiques fonctionnant à l'échelle de notre planète tout entière.
La migration des déformations
Dans une chaîne d'obduction ou de collision on peut distinguer une partie « interne » qui chevauche une partie « externe ». Dans ce cas, la déformation se déplace presque toujours de l'intérieur vers l'extérieur de la chaîne. Cette notion est bien illustrée par les Alpes où l'on passe d'une zone interne (sud de la Suisse, frontière franco-italienne) déformée au Crétacé supérieur (entre — 70 et — 90 millions d'années) à une zone intermédiaire (Briançonnais) déformée à l'Éocène (— 40 millions d'années), puis à une zone externe (Préalpes) déformée au Miocène (entre — 20 et — 10 millions d'années).
Nous avons vu que le même phénomène se retrouve dans l'Himalaya où on rencontre successivement (fig. 6) : au nord, la suture de Tsang-po, qui marque la ligne de collision il y a 40 à 50 millions d'années, puis, vers le sud, un spectaculaire chevauchement (Main Central Thrust ou M.C.T.) de plus de 100 kilomètres de flèche, situé sur le versant méridional de la haute chaîne et qui a dû fonctionner voici 25 à 30 millions d'années ; enfin, plus au sud encore, en bordure des Siwāliks (au nord de la plaine du Gange), un chevauchement récent (M.B.T.) encore actif aujourd'hui. Nous avons vu que cette migration des zones actives est induite dès l'obduction par le couple créé à l'échelle de la lithosphère par la subduction. Après le ralentissement de la subduction, lié au premier épaississement de la croûte continentale, cette migration représente le réarrangement mécanique nécessitant le moins d'énergie pour absorber le déplacement de la plaque indienne. Mais si l'on considère un domaine plus vaste, on constate qu'il s'est également produit une migration de la déformation vers le nord. Cette dernière est particulièrement nette au Pamir et dans le nord du Tibet. À la subduction et à l'obduction correspondent un magmatisme calcalcalin et un métamorphisme de haute pression et basse température,[...]
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Écrit par
- Jean AUBOUIN : membre de l'Institut
- Maurice MATTAUER : professeur à l'université des sciences et techniques du Languedoc, Montpellier
- Jacques-Louis MERCIER : professeur à l'université de Paris-Sud, Orsay
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