MONTAGNES Géomorphologie
Les géomorphologues appellent chaîne une unité montagneuse complexe, caractérisée par un relief élevé, à fortes dénivellations, et, surtout, par la disposition ordonnée de ses éléments et de leurs combinaisons, selon une direction privilégiée qui est celle de son axe.
Toutes les chaînes correspondent ainsi à une tectonique de plissement récente, développée au cours des ères Mésozoïque et Cénozoïque, dans le cadre de l'orogenèse dite alpine, du nom de l'une des mieux connues d'entre elles, puisque la plus récente. On sait qu'il a existé d'autres systèmes plissés comparables au Paléozoïque (systèmes calédonien et hercynien) et au Protéorozoïque (par exemple, les systèmes laurentien et huronien du Canada, cadomien du Massif armoricain), auxquels les géologues donnent aussi le nom de chaîne (de même qu'ils l'attribuent parfois aux dorsales océaniques, dont la nature est autre). Mais ces structures, sauf exceptions (les Appalaches, par exemple), se traduisent par des reliefs de massifs anciens et de boucliers, aux caractéristiques tout à fait différentes de celles des chaînes montagneuses. On les exclura de cette étude.
Ainsi définies, les chaînes de plissement se répartissent en deux grands domaines à la surface du globe. Le long de la bordure occidentale du continent américain, il s'agit de l'ensemble constitué par les Rocheuses et les Andes, étiré sur quelque 19 000 kilomètres de l'Alaska à la Terre de Feu, et culminant à l'Aconcagua (6 959 m), sur la frontière chilo-argentine. Dans l'Ancien Monde, les arcs alpins se succèdent de l'Atlantique au Pacifique et comportent, en Himālaya, le plus haut sommet de notre planète avec l'Everest (8 848 m).
Mais il convient d'englober dans la même famille géomorphologique les guirlandes d'îles, souvent élevées et longées par de profondes fosses océaniques, de l'Atlantique (arcs des Caraïbes et des « Antilles australes », Géorgie du Sud et Orcades du Sud) et, surtout, du Pacifique (arcs indonésien, japonais, des Mariannes, des Philippines et des Aléoutiennes).
Caractéristiques du relief
On peut caractériser les familles de formes de relief des chaînes, et poser les principes de base de leur classification en types géomorphologiques.
Formes structurales
Strictement liées à la tectonique de plissement, le plus souvent, les formes structurales sont les plus typiques. Elles se différencient selon les particularités lithologiques du matériel sédimentaire et le style des déformations.
Les formes structurales les plus classiques s'épanouissent dans les séries épicontinentales, à contrastes lithologiques fréquents et marqués, affectées de plis lâches. Des monts et des vaux signalent les anticlinaux et les synclinaux, réalisant un relief conforme à la structure (Jura). Sur les flancs des plis entamés par l'érosion, des calcaires massifs ou des grès déterminent des crêts, des hogbacks ou des barres subverticales, selon la valeur des pendages, au-dessus de dépressions orthoclinales déblayées dans des argiles ou des marnes. Des ruz peuvent découper les crêts en chevrons, et des cluses ouvrir, d'un val à l'autre, le passage à des réseaux hydrographiques en baïonnette (Pontarlier, Voreppe).
Dans les anticlinaux ouverts par l'érosion, les combes s'épanouissent dans les argiles et les marnes dominées par des boucles de crêt à regard interne. Elles prennent une forme annulaire quand émerge un mont dérivé dans leur axe. Par destruction de l'anticlinal se réalise la forme d'inversion qu'est le val perché, délimité par un crêt à regard externe (Arclusaz dans les Bauges, Mas-d'Azil dans les Pyrénées, Aconcagua dans les Andes).
Toutes ces formes, dites jurassiennes (fig. 1), ou préalpines quand il s'agit de vaux perchés (fig. 2), dominent dans les structures[...]
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Écrit par
- Roger COQUE : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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