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ROCHEUSES MONTAGNES

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Peuplement

La présence humaine dans les Rocheuses remonte à 13 000 ans environ, alors que la hausse des températures repoussait les glaciers qui recouvraient la majeure partie de la chaîne au nord du bassin du Wyoming. Une fouille archéologique, à l’ouest de la ville de Banff au Canada, a révélé des pointes de lances en pierre, de hachoirs et de couteaux, ainsi que de nombreux ossements d’animaux dépecés datant de cette époque. La découverte de quelque 950 sites préhistoriques dans les parcs nationaux des Rocheuses indique que la présence d’êtres humains dans les principales vallées du versant oriental, du moins en été, remonte à la période qui marque la fin de la glaciation du Wisconsin (environ 10 000 ans avant notre ère).

Au commencement de l’histoire humaine sur la cordillère, les peuples autochtones se déplacent de façon saisonnière à partir de camps d’hiver situés dans des régions plus clémentes au sud et à l’est. Lorsque la faune et la flore migrent pour prendre avantage des terres exposées à la fonte des glaces, les autochtones suivent leur exemple et s’installent dans les vallées, formant ainsi des tribus d’environ cinquante membres. Il y a près de cinq mille ans, ces peuplements donnent naissance à la tradition montagnarde – un ensemble de pratiques culturelles et de survie dans les hautes Rocheuses qui perdurera avec de légères modifications jusqu'à la fin du xixe siècle. Cette tradition comprend des techniques de chasse adaptées au relief, des méthodes de construction d’abris répondant au climat rigoureux et de l'art rupestre.

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L’étendue géographique des territoires autochtones ancestraux chevauchait les divisions administratives actuelles. Les territoires traditionnels des nations Ktunaxa (Kootenay) et Ĩyãħé Nakoda, par exemple (plus de 100 000 kilomètres carrés), recouvraient une partie de l’Alberta au Canada, du Montana, de l’État de Washington et de l’Idaho aux États-Unis. Plus au sud, ceux des nations Arapaho, Cheyenne, Comanche et Ute s’étendaient dans les Rocheuses centrales et méridionales.

La première expédition européenne à pénétrer les Rocheuses est menée par l’Espagnol Francisco Vásquez de Coronado en 1540. Il y prend contact avec les Indiens Pueblo, un peuple sédentaire qui occupe l’extrémité sud de la chaîne, au Nouveau-Mexique. Cette rencontre se transforme rapidement en une série d'affrontements qui dure de nombreuses années, culminant avec la révolte des Pueblo en 1680 au cours de laquelle ils réussissent à vaincre les Espagnols et à récupérer, temporairement, leur territoire.

Au nord, l'Anglais Peter Fidler, explorateur et géomètre de la Compagnie de la Baie d'Hudson, fut le premier non-autochtone à pénétrer, en 1792, les Rocheuses avec des membres de la nation Ktunaxa lui servant de guide. Un an plus tard, Alexander Mackenzie, le premier Européen à franchir les Rocheuses, découvre le cours supérieur du fleuve Fraser et atteint la côte pacifique du Canada actuel, accomplissant ainsi la première traversée du continent américain au nord du Mexique.

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Les Européens sont nombreux dans les Rocheuses dès le début du xixe siècle, alors que les commerçants de fourrure, les explorateurs et les prospecteurs miniers prennent conscience du potentiel économique de la cordillère. La géographie humaine des montagnes Rocheuses est modifiée par l’impact de l’industrie minière. Cette dernière est responsable de la construction des chemins de fer qui, à partir de 1869, relieront les côtes est et ouest du continent nord-américain. Bien que principalement consacré au transport de ressources naturelles, ce premier réseau ferroviaire transporte aussi des passagers, du courrier, des biens de consommation et, en 1871, un an avant la création du parc national, les premiers touristes qui se rendent à Yellowstone.

Cette exploitation intensive des Rocheuses contribue à une dégradation rapide des terres publiques. Dans les années 1890, les dégâts sont si importants que les autorités américaines et canadiennes promulguent une série d'actes visant à conserver plus de la moitié de la superficie des Rocheuses sous administration fédérale. Ainsi, on voit la création de zones protégées et de parcs nationaux tels que Yellowstone (1872), Banff (1885) et Yoho (1886) afin d’empêcher la surexploitation des ressources naturelles et de préserver leur beauté pour les générations à venir.

Plusieurs parcs nationaux tels que Yellowstone et Glacier n’ont pu être fondés qu’après l’expulsion des populations autochtones, lesquelles ont exploité ces régions pendant des siècles, modifiant leur faune, par la chasse, et leur flore, par le brûlage délibéré de vastes étendues. Ces terres, qui sont aujourd’hui protégées, n’étaient donc pas des zones vierges avant l’arrivée des Européens, contrairement au mythe entourant ces parcs.

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La plus grande partie des Rocheuses est peu peuplée. Le nord de la chaîne abrite des petites localités dont l'économie repose sur l'extraction des ressources naturelles (comme Sparwood en Colombie-Britannique ou Victor au Colorado) ou sur le tourisme (Banff en Alberta, Jackson au Wyoming). On trouve cependant quelques grandes villes dans la moitié sud, telles que Salt Lake City, Denver et Colorado Springs. Bien que ces villes aient connu des débuts modestes en tant que, respectivement, communauté religieuse, centre minier et lieu de villégiature, elles bénéficient aujourd'hui d’une économie diversifiée, en grande partie à l’origine de l’accroissement rapide de leur population. Salt Lake City est par exemple le plus grand pôle bancaire industriel des États-Unis et compte de nombreux centres d'appel pour des compagnies aériennes et des chaînes hôtelières. C’est également une importante plaque tournante de transport. Ces activités postindustrielles sont désormais le principal moteur de la croissance économique dans les Rocheuses.

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Écrit par

  • : vice-doyen de la faculté des arts et sciences, université de Colombie-Britannique (Canada)

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Médias

Canada : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Canada : carte physique

États-Unis : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

États-Unis : carte physique

<em>A Storm in the Rocky Mountains. Mt. Rosalie</em> (<em>Orage dans les montagnes Rocheuses</em>), A. Bierstadt - crédits : Geoffrey Clements/ Corbis Historical/ VCG/ Getty Images

A Storm in the Rocky Mountains. Mt. Rosalie (Orage dans les montagnes Rocheuses), A. Bierstadt

Autres références

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    –  un autochtone cordillérain, où la tectonique compressive laramienne du Paléocène (60 Ma) est à l'origine du chevauchement de vastes panneaux de socle ; il s'agit des montagnes Rocheuses des États-Unis qui enserrent le plateau du Colorado, lequel a échappé aux déformations ;
  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géographie

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    ...et constituant, au sud, de vastes déserts aux formes et aux couleurs extraordinaires. Plus à l'est encore, la puissante cordillère des montagnes Rocheuses forme la limite de la masse montagneuse occidentale. Depuis le nord de la Colombie britannique où les Rocheuses prennent le relais des Monts...
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