MELKONIAN MONTE (1957-1993)
Monte Melkonian est né le 25 novembre 1957, à Visalia, entre Los Angeles et San Francisco. Sa famille est arrivée aux États-Unis avant le génocide arménien de 1915 et ne cultive guère le souvenir de la maison des morts. D'ailleurs, les quatre enfants Melkonian reçoivent une éducation en langue anglaise. Ce n'est qu'à l'adolescence que Monte retrouve ses racines. À vingt ans, il obtient un master d'histoire et d'archéologie de l'Asie à l'université de Berkeley. Il s'inscrit pour l'année universitaire 1977-1978 à Oxford. À Londres, il rencontre des Arméniens ayant fui la guerre du Liban. Son destin bascule, désormais fait d'errance et de combat. Il part pour Beyrouth puis file sur Téhéran où, fort de ses connaissances linguistiques (anglais, espagnol, italien, français, arménien, arabe, persan, japonais), il enseigne quelques mois l'anglais dans une école arménienne. Il en profite pour visiter l'Azerbaïdjan iranien et l'Afghanistan. Après quelques mois, il rentre à Beyrouth où il professe à l'école arménienne d'Andjar. Rapidement, il entre dans l'Armée secrète arménienne pour la libération de l'Arménie (A.S.A.L.A.). Née en 1975, cette organisation terroriste attaque les intérêts turcs dans le monde entier. Melkonian en devient vite le numéro deux. Il participe donc à plusieurs actions armées et coordonne en 1980-1981 les attentats du Groupe du 3-Octobre. Ce groupe est une section de l'A.S.A.L.A. qui frappe les intérêts suisses à Londres, Milan, Paris, Marseille, Zurich, Genève et Beyrouth. Il organise aussi la prise d'otages au consulat de Turquie à Paris le 24 septembre 1981. Peu après, il aurait blessé un diplomate turc à Rome. Il est alors arrêté à Orly, le 11 novembre 1981. L'A.S.A.L.A. se venge sur la France, qui préfère l'expulser le 9 décembre. Cette campagne de terrorisme aveugle contre les intérêts français, faisant suite à celle qui a été perpétrée contre les intérêts suisses, commence à ouvrir les yeux du diplômé californien. Celui-ci accepte de moins en moins bien l'autorité du chef tout-puissant, pur produit d'un terrorisme moyen-oriental se vendant au plus offrant, Hagop Hagopian. Melkonian est alors mis en quarantaine au Sud-Liban. Il profite de l'invasion du Liban par Israël en juin 1982 pour regagner Beyrouth. Un an plus tard, après l'attentat aveugle d'Orly causant la mort de huit personnes (15 juill. 1983), Monte Melkonian quitte l'organisation en éliminant deux lieutenants d'Hagopian. Réfugié au Nord-Liban, il fonde l'A.S.A.L.A.-Mouvement révolutionnaire, qui n'existe que sur le papier. Alors qu'il tente de réactiver ses réseaux de sympathisants en Europe, il est arrêté à Paris le 28 novembre 1985. Un an plus tard, il est condamné à six ans de prison, dont quatre ferme. Le 16 janvier 1989, il quitte la France pour le Yémen du Sud. Il part alors pour la Yougoslavie, puis erre en Tchécoslovaquie, en Hongrie et en Bulgarie. Avec la chute du communisme et l'indépendance de l'Arménie, Monte Melkonian abandonne son marxisme-léninisme simpliste pour un nationalisme arménien intransigeant. Il débarque à Erevan en août 1990. Un an plus tard, il est envoyé au Karabakh pour se battre contre les Azéris. En mars 1992, il devient le « commandant Avo », chef du front de Martouni, ville située dans le sud du Karabakh, et repousse quatre offensives azéries. Sa culture, son intelligence et sa pratique des armes font vite de lui l'un des meilleurs chefs de guerre arméniens. C'est en rentrant d'une offensive contre Agdam, le 12 juin 1993, que sa Jeep est frappée de plein fouet par un obus ennemi. La république d'Arménie et ses représentants feront des funérailles nationales, à Erevan, à l'enfant de la diaspora venu[...]
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Écrit par
- Christophe CHICLET
: docteur en histoire du
xx e siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revueConfluences Méditerranée
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