MONTÉNÉGRO
Nom officiel | République du Monténégro (ME) |
Chef de l'État | Jakov Milatović (depuis le 20 mai 2023) |
Chef du gouvernement | Milojko Spajić (depuis le 31 octobre 2023) |
Capitale | Podgorica (la capitale historique et culturelle est Cetinje) |
Langue officielle | Monténégrin 1
|
Unité monétaire | Euro (EUR) 2
|
Population (estim.) |
615 200 (2024) |
Superficie |
13 883 km²
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Histoire
Avant la construction étatique : une pluralité d'héritages
Pendant longtemps, l'histoire des Serbes et des Monténégrins s'est confondue, à tel point qu'il n'existait pas d'appellation spécifique pour distinguer les habitants des montagnes monténégrines de ceux des plaines serbes. Le nom de Monténégro, « Crna Gora », semble avoir été utilisé pour la première fois sous le règne de Milutin (1282-1321), et il désignait un territoire plus petit que celui de la république actuelle. Des tribus slaves s'étaient déjà installées dans la région depuis le viie siècle. Lors des premières tentatives de création d'un État indépendant serbe au xe siècle, sous le règne du prince serbe Časlav, le territoire monténégrin était rattaché au territoire serbe sous la forme d'une principauté autonome, parmi d'autres, vassale de la Serbie, la principauté de Duklja (qui devient par la suite la principauté de Zeta). À cette époque, l'État serbe ressemble plutôt à un regroupement d'États, chacun d'entre eux fondé sur une union tribale. L'ensemble demeure sous tutelle de l'Empire byzantin. Plus tard, lors de la création du grand Empire serbe des Nemanjić, au xiie siècle, la principauté de Zeta était soumise et intégrée à celui-ci.
Jusqu'aux conquêtes ottomanes des xive et xve siècles, le Monténégro connaît donc de brèves périodes d'indépendance, mais reste encore très attaché aux différents États serbes qui se succèdent. Avec l'avancée de l'Empire ottoman dans les Balkans, la quasi-totalité du territoire monténégrin est conquise en 1499. Seul un petit réduit montagneux autour de la ville de Cetinje sera difficilement intégré par l’occupant ottoman. Il demeurera un lieu de rébellion permanente contre l'envahisseur turc. La liberté relative de cet îlot monténégrin au cœur de l'Empire ottoman est due également au faible intérêt stratégique qu'il représentait pour les conquérants. La différenciation politique, culturelle et identitaire des peuples serbe et monténégrin remonte à cette période. Tandis que la majeure partie de la région était administrée par les autorités ottomanes, le Monténégro, limité à ce petit territoire non conquis, jouissait d'une certaine autonomie qui lui permit de conserver un fonctionnement tribal et clanique très ancré, et de faire élire par une assemblée populaire son chef spirituel, à la fois religieux et temporel, le vladika (prince-évêque). Jusqu'à la fin du xviiie siècle, le Monténégro fonctionna sous la forme d'une confédération clanique, les tribus étant tantôt unies contre l'ennemi ottoman, tantôt en conflit les unes contre les autres au nom de la loi de la dette de sang (krvenaosveta).
La période de la résistance contre l'Empire ottoman représente dans l'imaginaire national la clef de voûte de la spécificité monténégrine par rapport à l'identité serbe. L'ambiguïté de l'identité nationale monténégrine vient du fait que Monténégrins et Serbes sont culturellement très proches : ils parlent la même langue (le serbo-croate), ont la même confession majoritaire (religion orthodoxe), et des coutumes et traditions similaires. Pour certains, l'identité monténégrine est au mieux une identité régionale de la nation serbe. D'où l'insistance des historiens nationaux sur cette période d'autonomie et de combat contre l'Empire ottoman. La lutte séculaire des Monténégrins contre les Turcs est, de fait, rapportée dans de nombreux poèmes et chants folkloriques, même si la résistance et l'indépendance n'ont en réalité concerné qu'une infime partie du territoire monténégrin actuel. Cette région, appelée traditionnellement la Stara Crna Gora (le « Vieux Monténégro »), constitue le cœur[...]
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Écrit par
- Amaël CATTARUZZA : docteur en géographie, coordonnateur scientifique de l'Atelier de recherches internationales, université de Belgrade
- Renaud DORLHIAC : membre associé de l'École des hautes études en sciences sociales, responsable Balkans à la Direction générale des relations internationales et de la stratégie
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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