MONTLUÇON
Montluçon, sous-préfecture de l'Allier, est perchée, en situation défensive, sur une butte du fossé qui l'abrite. C'est une place forte avancée du Bourbonnais, qui connaît une période de prospérité sous les ducs de Bourbon, notamment aux xive et xve siècles.
À l'aube de l'ère industrielle, la ville, aux fonctions essentiellement de services, compte 5 000 habitants. La découverte du charbon à Commentry, sur le plateau au sud-est, modifie la situation. Cette ville nouvelle, qui atteindra 12 000 habitants au maximum de l'exploitation, après la Grande Guerre, n'est pas desservie par le canal du Berry, qui longe le Cher et s'arrête à Montluçon.
Le charbon vient alors à la rencontre du fer berrichon à Montluçon, qui s'érige en ville de la sidérurgie (fabrication d'acier) et de la métallurgie lourde (pièces en acier, poutres, rails, tubes, tubes à canon...). La ville se développe durant un siècle (1850-1950), s'étalant dans tout le fossé, puis englobant Commentry ainsi que la station thermale antique de Néris-les-Bains, devenue sa principale banlieue résidentielle. La conurbation atteint 100 000 habitants au recensement de 1982. La commune elle-même comptait 39 300 habitants en 2012.
En effet, l'histoire industrielle de Montluçon est celle, fort classique, de toute une série de crises de reconversion qui atteignent les vieux bassins industriels. Dès la fin du xixe siècle, les industriels se lancent dans la verrerie, la chimie de base. Dans l'entre-deux-guerres, on s'oriente vers la chimie fine (par exemple le caoutchouc, avec l'implantation de Dunlop, les cires), et on lance la petite métallurgie (chaudronnerie, tôlerie), en aval de la métallurgie lourde. Après 1945, Montluçon développe la construction mécanique et la construction électrique (usine Landis et Gyr, spécialiste des compteurs électriques). Elle tente aussi l'industrie de la confection pour employer les femmes de « métallos ». Mais, après une période faste, la crise frappe Montluçon dans les années 1970 et 1980. Les usines sidérurgiques et métallurgiques sont définitivement ruinées par la sidérurgie sur l'eau (établissements littoraux) et par les nouveaux producteurs asiatiques, en dépit de savoir-faire exceptionnels. Le caoutchouc subit les contrecoups des réorganisations mondiales (Dunlop est désormais une filiale de Goodyear).
Une nouvelle politique de reconversion, avec l'aide publique cette fois-ci, était nécessaire. Passant outre des relations ferroviaires médiocres avec Paris et d'un aérodrome qui a été un fiasco, une mobilisation sans précédent des élus et des industriels a pu sauver l'activité industrielle qui, désormais, représente à peine 20 p. 100 des emplois. Montluçon n'est plus une « ville industrielle », mais elle joue sur ses spécialités, la technicité de ses ouvriers, l'adaptabilité de ses entreprises, pour relancer la construction mécanique, la construction électrique, dont une partie est passée à l'électronique (groupe Sagem).
Aussi l'avenir de Montluçon est-il résolument tourné vers le tertiaire. La vieille ville est réhabilitée, autour du château des Bourbons, dans lequel est installé un musée des instruments de musique populaire, prélude à un développement touristique. Le quartier industriel Saint-Jacques, sur la rive gauche du Cher, en face de la butte du château, a été rasé et a fait place à un nouveau centre, commercial plus que résidentiel. Et, surtout, dotée d'un important I.U.T. (un millier d'étudiants dépendant de l'université de Clermont-II) qui a assuré l'une des bases essentielles de la reconversion – l'encadrement technique –, la ville accueille en outre l'École nationale de gendarmerie et un gros centre privé de formation supérieure commerciale. Mais les créations d'emplois tertiaires[...]
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Écrit par
- Christian JAMOT : professeur des Universités, université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand
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AUVERGNE
- Écrit par Christian JAMOT
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- 2 médias
...révolution industrielle, grâce à ses ressources charbonnières, qui ont donné naissance à de véritables « pays noirs », certes réduits mais bien réels : bassin de Montluçon-Commentry, de Saint-Éloy-les-Mines, de Messeix, de Brassac-les-Mines... On y a développé, comme dans le Stéphanois voisin, de la sidérurgie,...