MONTPELLIER
Une capitale provinciale bourgeoise
Les grands intendants du Languedoc assurent le développement économique d'une ville pacifiée et en font une capitale provinciale renommée pour l'architecture de ses hôtels particuliers. Dès 1688 est envisagée la construction de la promenade du Peyrou, bientôt précédée d'un arc de triomphe (1691), porte d'entrée dans la ville, puis dominée par la statue du roi (1717), enfin aménagée (1774) en terrasses monumentales couronnées par un château d'eau qui marque l'arrivée de l'aqueduc de Pitot. Ville d'autorité, Montpellier s'affirme tout au long du xviiie siècle par la banque et la finance, le commerce, la production des indiennes et celle du verdet, qui annonce l'industrie chimique des acides que Chaptal développera.
Ville de manufactures et de négoce, capitale intellectuelle et médicale, riche, calme et prospère, investissant déjà dans la terre, Montpellier se drape dans un ordre bourgeois stable et ne connaîtra ni les bouleversements politiques de la Révolution de 1789 ni ceux de la révolution industrielle. La vigne assure sa fortune, attirant à elle les capitaux et les hommes de science, imprimant aux conduites économiques les logiques de la rente. Bourgeois éclairés et hommes d'affaires avertis vont tenter de moderniser, par de grands travaux édilitaires, la cité repliée sur son centre médiéval. Dès 1839, le port de Sète est relié par la voie ferrée, Nîmes en 1852. Montpellier ne deviendra jamais un grand centre ferroviaire, Talabot et Pereire fixant leurs gares à Nîmes et Béziers. Dès 1850 et jusqu'aux années 1880, notamment sous la conduite du maire Jules Pagézy, le centre fait l'objet de grands travaux : percement d'une rue haussmannienne (la rue Impériale), construction des halles (Baltard est consulté) et de l'église Sainte-Anne, sans oublier l'ouverture d'avenues convergeant vers la gare, l'aménagement de l'Esplanade et de la place de la Comédie.
Il faut attendre la seconde moitié du xxe siècle pour que Montpellier sorte de la torpeur d'une ville rentière, dépendante des prix du vin, aisée et pauvre à la fois, longtemps royaliste puis radicale. Place de commandement régional, elle est le théâtre de l'entrevue, le 13 février 1941, entre Pétain et Franco. Miliciens et collaborateurs rencontrent cependant une forte opposition qui accordera un temps, à la sortie de la guerre, des majorités relatives aux forces issues de la Résistance, communistes et gaullistes.
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Écrit par
- Jean-Paul VOLLE : professeur agrégé des Universités, professeur à l'université de Montpellier-III-Paul-Valéry
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias
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