MONUMENTS AUX MORTS
Cérémonies, modifications et mise en scène
Les cérémonies commémoratives, rituels collectifs de deuil, ne sont ni fixées ni standardisées en raison de leur caractère performatif et décentralisé. Métaphoriquement, les monuments aux morts sont l’autel où se déroule un culte républicain, dont les acteurs établissent les modalités. La Marseillaise, une minute de silence, la sonnerie aux morts, l’énumération des noms suivis de la déclamation « Mort pour la France » sont des éléments récurrents tout au long du xxe siècle ; les variations dépendent des organisateurs et des participants : parents, élus, écoliers, anciens combattants, représentants militaires. Les successions de générations influent forcément sur les commémorations. Avant que le 11 novembre ne devienne jour férié en 1922, les cérémonies avaient lieu le 1er ou le 2 novembre, dates du calendrier chrétien qui seront parfois reprises après d’autres guerres pour le deuil individuel et les dépôts de gerbes. Autant que possible, ces dates furent choisies pour l’inauguration solennelle de monuments.
Les dates des cérémonies et les modifications apportées aux monuments témoignent aussi du passage des générations. Après la Seconde Guerre mondiale, le 8 mai finit par s’instituer comme jour férié, et les commémorations qui s’y rattachent sont axées sur les monuments aux morts. On ajoute aussi aux monuments les noms des morts – soldats, combattant(e)s ou déporté(e)s – de 1939-1945, de même que, plus tard, les noms des morts des guerres d’Indochine et d’Algérie, voire d’autres conflits. L’analogie, matérialisée par des inscriptions gravées de la même manière que celles de 1914-1918 ou par des plaques ajoutées, se fonde sur le statut de « Mort pour la France ». Le regroupement des listes de noms sur les monuments aux morts entraîne une convergence et, pour ainsi dire, une homogénéisation des commémorations. Les alentours du monument et sa mise en valeur dans l’espace public font partie de la conception originale, mais plus encore que pour les monuments mêmes, la composition de l’entourage est loin d’être immuable. Pour des raisons symboliques ou pratiques (gestion de l’espace urbain), il va de soi qu’un monument aux morts peut être déplacé vers un endroit jugé plus convenable. C’est tout simplement le cas lors de gros travaux de voirie. Par ailleurs, après l’indépendance de l’Algérie, un bon nombre de monuments aux morts sont « rapatriés » sur le sol métropolitain et une partie d’entre eux sont réinstallés dans l’espace public. Ainsi, l’entretien du monument et de ses abords correspond aux besoins de chaque époque.
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Écrit par
- Oonagh HAYES : enseignant-chercheur à l'université de Tübingen, Allemagne
Classification
Médias
Autres références
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COMMÉMORATION DE L'ARMISTICE DU 11 NOVEMBRE 1918
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 505 mots
Comme plusieurs autres pays, la France commémore le 11 novembre, date de la signature de l’armistice qui mit fin à la Première Guerre mondiale, en 1918. Ce jour-là, elle rend hommage aux soldats morts au combat pendant ce conflit. Observée pour la première fois de façon discrète en 1919, la commémoration...
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MAILLOL ARISTIDE (1861-1944)
- Écrit par Antoinette LE NORMAND-ROMAIN
- 1 540 mots
Les monuments aux morts qu'il exécuta pour sa région natale suscitèrent moins de controverse : pour Banyuls, il conçut trois reliefs disposés en triptyque (au centre, le Guerrier mourant dont il disait « c'est extraordinaire, on dirait tout à fait un antique » (Henri Frère) ; pour Elne et...