MORAVAGINE, Blaise Cendrars Fiche de lecture
Paru en 1926 chez Grasset, Moravagine est, après L'Or, qui avait connu l'année précédente un énorme succès, le deuxième roman de Blaise Cendrars (1887-1961). Rédigé, aux dires de son auteur, en une seule nuit, le livre frappa la critique, qui accueillit avec un mélange de surprise et d'admiration la « puissance picturale étonnante, mélange de cruauté, de sensualité, de lyrisme » de son style.
Moravagine, sa vie, son œuvre
Moravagine est composé de vingt-six chapitres (de A à Z), répartis en trois sections de longueurs inégales. Le prologue, « L'esprit d'une époque », raconte la rencontre, au sanatorium de Waldensee, du narrateur, un jeune médecin aliéniste qui vient d'être engagé comme assistant du directeur, et de Moravagine, un mystérieux patient interné à l'écart, avec lequel il se lie d'amitié.
La partie centrale, « Vie de Moravagine », regroupe dix-huit chapitres. Le narrateur commence par rapporter le récit que lui a fait Moravagine de son enfance et des circonstances de son enfermement : dernier descendant de la famille royale de Hongrie, élevé seul dans un vaste château, il a été marié à l'âge de six ans à la petite princesse Rita, puis séparé aussitôt de sa jeune épouse. Celle-ci lui rend visite chaque année, le jour anniversaire de leur mariage. Elle devient bientôt l'objet des fantasmes du reclus. À l'âge de dix-huit ans, au cours d'une visite où elle se refuse à ses désirs et lui annonce son intention de le quitter, Moravagine éventre la jeune fille. Emprisonné durant dix ans, puis interné à Waldensee, il s'évade avec l'aide du narrateur. Les deux hommes passent trois années en Allemagne, où Moravagine étudie à l'université. Mais il se révèle être le tueur de femmes et d'enfants, surnommé « Jack l'éventreur », qui sème la terreur à Berlin. Les deux protagonistes s'enfuient alors en Russie, où ils deviennent les membres actifs d'une organisation terroriste nihiliste. Moravagine se lie avec une jeune femme, Macha, qui tombe enceinte de lui. Mais, trahis par elle, tous les membres du complot sont tués, à l'exception de Moravagine et de son ami, qui parviennent à gagner l'Angleterre, puis les États-Unis. Ils y font la connaissance d'un Français, Lathuille, avec qui ils remontent en bateau jusqu'aux sources de l'Orénoque. Lathuille meurt, tué par les flèches des Indiens Jivaroz (sic), qui font prisonniers ses deux compagnons. Considéré par les Indiens comme un dieu, Moravagine sauve le narrateur, atteint de paludisme, et l'emmène sur le Marajô, un petit bateau à vapeur qui fait le voyage de Manaos à Marseille, d'où ils rejoignent Paris. Moravagine devient un temps aviateur à Chartres. Mais la guerre éclate. Le narrateur est blessé et amputé. Il apprend que Moravagine a bombardé la Hofburg de Vienne avant de tomber dans les lignes allemandes. Finalement, bouclant la boucle, il retrouve son ami au centre neurologique de l'île Sainte-Marguerite où celui-ci, morphinomane, passe ses journées à écrire. Moravagine meurt le 17 février 1917, à l'âge de cinquante et un ans.
Un bref appendice, « Les manuscrits de Moravagine », évoque quelques traces laissées par ce personnage singulier : des manuscrits, dont une page est reproduite, des signatures, un portrait, une épitaphe enfin, « Ci-gît un étranger ».
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Écrit par
- Guy BELZANE : professeur agrégé de lettres
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