MORITA AKIO (1921-1999)

Morita incarne le mythe fondateur de Sony et le rêve d'une nouvelle génération de consommateurs dans le monde. Les rôles joués par Akio Morita et par Sony dans l'industrie électronique et culturelle (musique, cinéma) peuvent être rapprochés de ceux de Bill Gates et de Microsoft dans l'industrie du software.

Né le 26 janvier 1921 à Nagoya, Akio Morita est issu d'une famille de brasseurs de saké depuis quatre cents ans. Étudiant, il assiste régulièrement son père dans ses affaires mais est passionné par l'électronique, les mathématiques et la physique. Il entre dans le département de physique de l'université Osaka Imperial.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Morita, qui est lieutenant dans la marine, rencontre, au Navy's Wartime Research Committee, Masaru Ibuka, appelé à devenir le cofondateur de Sony.

Après la guerre, alors qu'il s'apprête à rejoindre la faculté de l'institut de Tōkyō de la technologie, il apprend dans le journal Asahi qu'Ibuka a fondé un laboratoire de recherche en télécommunications appelé Blue Pencil. Les deux hommes se revoient et décident de fonder ensemble une nouvelle entreprise : Tōkyō Tsushin Kogyo K.K. (Tōkyō Telecommunications Engineering Corporation) le 7 mai 1946, employant vingt personnes. Ibuka a alors trente-huit ans et Morita vingt-cinq ans.

Au cours de leur longue coopération, Ibuka se concentre sur la recherche technologique et le développement de produit alors que Morita s'occupe du marketing, de la finance, des ressources humaines et du management ainsi que de la globalisation de la société (préparant notamment son entrée dans le domaine du software).

Morita a su créer une symbiose entre une technologie avancée et un marketing innovant et personnalisé. La miniaturisation « made in Sony », c'est-à-dire l'esthétique conçue comme vecteur d'innovation technologique, et la référence du produit au rêve en sont l'expression la plus manifeste.

Morita et son entreprise se tiennent à l'interface entre la culture japonaise et celle du monde. Sony s'est en effet déployé aux deux tiers à l'extérieur du Japon et son organisation a su intégrer le dynamisme entrepreneurial américain, la philosophie européenne de la personne et de la société, et la culture japonaise.

Morita s'est appuyé sur l'identité japonaise pour développer une vision originale de la mondialisation. Il est ainsi devenu un « citoyen du monde ».

Afin d'appuyer sa volonté de développer la société globalement et mondialement, Morita décide en 1958 de lui donner un nouveau nom, Sony, et l'écrit en katakana (alphabet utilisé principalement pour les mots étrangers). Les raisons sont multiples : l'ancien nom est trop axé sur le métier initial de l'électronique et il est difficile à retenir pour l'étranger. Cette décision atypique est mal vécue tant dans l'entreprise que chez les consommateurs japonais.

En 1960, Morita créant une filiale aux États-Unis décide de s'y installer avec sa famille. Il se consacre alors au développement de canaux directs de vente.

De nombreux produits développés par Sony peuvent être attribués à la créativité et aux idées novatrices de Morita.

En 1968, Sony se diversifie dans les activités de musique en établissant un joint-venture avec l'américain C.B.S. Inc. En 1979, c'est l'entrée dans le monde de la finance avec Sony Prudential Life Insurance Co. Ltd (joint-venture avec une société américaine). En 1988, Sony acquiert C.B.S. Records Group et, l'année suivante, Columbia Pictures Entertainment.

Tout au long de sa vie, Morita s'efforce de développer des liens culturels entre le Japon et l'étranger. Il est notamment vice-président du Keidanren (Fédération japonaise des organisations économiques) et membre du Japan-U.S. Economic Relation Group. Il essaye activement[...]