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MORONOBU HISHIKAWA (mort en 1694)

Hishikawa Moronobu eut une influence décisive sur l' Ukiyo-e : après avoir puisé ses sources dans la peinture de genre, ce mouvement prend avec lui visage d'école. Il en fut d'ailleurs plus le formateur que le fondateur.

Son style, parfaitement adapté aux sujets qu'il traite, est à la fois une synthèse des tendances hybrides du jeune mouvement et une assimilation intime des traditions classiques et modernes. Quant à ses thèmes, qui appartiennent à la vie hédoniste des milieux roturiers d'alors, ils s'étaient lentement formulés chez ses précurseurs directs et à travers la peinture de genre.

Moronobu confirma l'Ukiyo-e dans sa double vocation : peinture et xylographie ; la première seule lui assura rang d'école, tandis que la seconde lui ouvrait un champ inédit d'épanouissement et de gloire.

Cependant, si le terme ukiyo-e apparaît pour la première fois en 1681 pour caractériser leur esthétique, ni Moronobu ni ses successeurs directs n'eurent conscience de la nouveauté de leur école. Au contraire, en signant fièrement « peintres du Japon » (Yamato eshi), ils professaient par là leur attachement à la tradition japonaise la plus classique et leur volonté de la faire renaître pure et débarrassée des conventions que les siècles avaient accumulées.

Le talent du peintre de genre

D'un artiste au rôle si capital pour l'art japonais, on sait fort peu de chose. On a retenu le lieu de sa naissance, Hota en Awa (aujourd'hui Chiba), mais la date reste controversée. Son père ayant été brodeur assez réputé, Moronobu fut probablement entraîné, dès son très jeune âge, à ce métier autant qu'à la peinture. Il partit pour Edo entre 1658 et 1670, s'y établit et semble alors s'être voué exclusivement aux arts graphiques.

Sa formation artistique reste mal définie. Fut-elle entreprise dans les ateliers des Kanō d'Edo et poursuivie à Kyōto ? L'écho produit par son œuvre dans les cercles de la vieille capitale induit à le croire, mais l'hypothèse n'est pas autrement étayée. Quoi qu'il en soit, son œuvre prouve une culture très étendue : une diversité de styles et de techniques qu'il puisa à toutes les académies anciennes et modernes, et, surtout, une solide formation dans les traditions Kanō et Tosa.

Si l'œuvre peint de Moronobu relève de la peinture de genre contemporaine, il accuse une facture et une qualité assez rares dans cette école. Dans cet ensemble, quantitativement peu important, Hokurō oyobi gekijo zukan (rouleau illustré des Tours du Nord et des théâtres, 1672-1689) est l'œuvre qui illustre le mieux le talent pictural de Moronobu. Les sept scènes qui subsistent dénotent une observation innée, à la fois sensible et objective, un coloris recherché dans sa richesse, un dessin vigoureux autant que souple. Ses compositions ont perdu, il est vrai, la force primitive des premières peintures de genre, leur explosion de couleurs et leurs grands effets décoratifs ; mais elles y gagnent le raffinement, la justesse de ton, l'intériorité, l'homogénéité et le dynamisme. Ici, chaque figure prend toute son importance dramatique ; intimement liée aux autres, individualisée et non plus typée, elle exprime des sentiments personnels et une vie propre. Sous le pinceau de Moronobu, chaque détail acquiert une valeur essentielle et nécessaire à l'ensemble.

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Écrit par

  • : conservatrice des collections Japon, Chine et Corée aux Musées royaux d'art et d'histoire, Bruxelles, gestionnaire des musées d'Extrême-Orient

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  • JAPON (Arts et culture) - Les arts

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    ...réalisme. L'unification des styles au sein d'un mouvement cohérent et autonome se fit dans la seconde moitié du xviie siècle à Edo, autour de Hishikawa Moronobu (vers 1618-1694). La période qui s'étend de 1670 environ à 1764 – qualifiée généralement de primitive – fut celle des conquêtes techniques, soit...