MORT 1 (G.Richter)
Quelque dix années après le « suicide collectif » dans leur cellule le 18 octobre 1977, de quatre des membres du groupe terroriste Rote Armee Fraktion (Fraction Armée rouge), Gerhard Richter, peintre allemand né en 1932, réalisa puis exposa pour la première fois un cycle de quinze peintures, 18 octobre 1977 (Museum of Modern Art, New York) consacrées à la mort suspecte des principaux activistes de ce que les journalistes surnommaient le « Gang Baader-Meinhof ». Ce sujet sensible est traité par l'artiste avec une distance comparable à celle qu'il adopta en 1965, lorsqu'il réalisa le portrait de son oncle Rudi en uniforme nazi. Mort 1 exécutée, de même que l'ensemble du cycle, d'après des photographies en noir et blanc diffusées par la presse, expose l'image très floue, presque évanescente, du cadavre d'Ulrike Meinhof (retrouvée pendue dans sa cellule en 1976). Tout à la fois moins sordides et plus morbides que les constats photographiques qui leur servent de modèles, les peintures de Richter n'ont rien de la peinture d'histoire classique. Loin de glorifier une idéologie que Richter tient pour aussi dangereuse que les institutions qu'elle combattait, sa peinture exprime pleinement ce mélange d'indifférence et de sympathie dans laquelle notre conscience collective est à même de tenir une cause politique dont elle sait la fin imminente. Dix ans après 18 octobre 1977, les derniers vestiges de la Fraction Armée rouge rendaient définitivement les armes.
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Écrit par
- Hervé VANEL : professeur d'histoire de l'art contemporain à l'université de Brown, Rhode Island (États-Unis)
Classification
Média