MORTAISE
Pour maintenir en place les blocs dans une architecture à joints vifs, sans mortier, les Grecs eurent recours au mortaisage, procédé de construction dont le principe était déjà connu en Crète, en Égypte et en Orient et consistant à creuser aux extrémités jointives du lit supérieur de chaque bloc d'assise une petite cavité qui, mise en regard d'une autre, va abriter un scellement, ou tenon. Cette cavité, ou mortaise, et ce scellement sont de plusieurs types.
Le type le plus ancien est celui de la mortaise à queue d'aronde dans laquelle s'insérait primitivement une pièce de bois qui sera remplacée rapidement par une agrafe métallique dont les extrémités recourbées se piquent verticalement au fond des queues d'aronde. Cette première forme de scellement sera employée jusqu'au ~ ive siècle dans les îles et en Asie Mineure, et sera même reprise parfois au ~ iie siècle.
Elle coexiste dès la fin du ~ vie siècle avec la mortaise en « double gamma » (酀) dont la diffusion est toutefois moins rapide et moins large. Ce deuxième type disparaît pratiquement au milieu du ~ ve siècle. Il est surtout utilisé dans les petits édifices (autels ou bases) pour les réparations, presque toujours en association avec d'autres types de scellement.
La mortaise en double T (⊢⊣) plus efficace, la supplantera très vite. Elle apparaît certainement dans les constructions athéniennes vers ~ 450 et se généralise jusqu'au dernier tiers du ~ ive siècle, époque à laquelle la technique péloponnésienne du crampon à griffes ou en double gamma va envahir presque tous les bâtiments.
Ce dernier type de scellement va se répandre dans tout le monde grec, si l'on tient compte de certaines exceptions locales.
Le liaisonnement vertical des assises entre elles par des goujons est relativement récent. Il ne sera systématiquement pratiqué qu'à partir du ~ ve siècle dans les grandes constructions de l'Acropole d'Athènes, tandis que, pour assembler les différents éléments d'une colonne, la base et le chapiteau, ce procédé était utilisé depuis deux siècles.
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Écrit par
- Martine Hélène FOURMONT
: archéologue, rédacteur en chef de la
Revue archéologique , ingénieur du C.N.R.S., Institut de recherche sur l'architecture antique, Centre de documentation photographique et photogrammétrique
Classification
Média
Autres références
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ARCHITECTURE (Matériaux et techniques) - Bois
- Écrit par Yves LESCROART
- 4 626 mots
- 22 médias
...mi-bois, traité à queue-d'aronde, permet de développer les possibilités de travail à la traction ; mais c'est l'apparition de l'assemblage à tenon et mortaise qui autorise les progrès les plus décisifs. Mortaises droites ou obliques, tenons traversants, clavés, leurs tracés utilisent les fils contrariés...