MORTALITÉ
Les variations selon l'âge
Pour beaucoup d'ovules fécondés la combinaison génique n'est pas viable et leur durée de vie est courte. Puis, après élimination des plus grosses « erreurs », on aborde une période où les pertes sont encore élevées, mais de moins en moins lourdes au fur et à mesure qu'on s'éloigne de la conception. On rassemble les décès qui se produisent de la conception à la fin du sixième mois de gestation sous le nom de morts fœtales. À la fin du sixième mois, on atteint un palier qui s'étend jusqu'à la naissance. C'est le domaine de la mortinatalité.
Au cours de ces deux périodes, les effets du monde extérieur arrivent à l'enfant par l'intermédiaire de la mère, donc très atténués. Il s'agit plutôt d'une adaptation du fœtus au milieu interne de la mère. Cela ne va d'ailleurs pas sans risques. Cette adaptation peut conduire à la création, chez l'enfant, de conditions incompatibles avec une vie séparée de la mère, et des problèmes se posent à la naissance. Le cas des incompatibilités sanguines est un bon exemple.
La naissance est un événement traumatisant dans la vie de l'enfant, et nombreux sont ceux qui n'y survivent pas, qu'ils meurent soit au moment de l'accouchement, soit peu de temps après. On rassemble ces décès sous le nom de mortalité infantile endogène. C'est là qu'on trouve les décès résultant de conditions défectueuses permettant une vie utérine, mais incompatibles avec une vie extérieure.
Puis vient la période de mortalité infantile exogène qui, pendant le premier mois de la vie, se combine avec la mortalité endogène. Il s'agit maintenant, pour les enfants qui ont traversé les précédents obstacles, de s'adapter à une vie autonome dans le milieu extérieur. Ils doivent le faire dans leur famille, dont les conditions de vie reflètent le milieu socioculturel des parents ; c'est là qu'on trouve, pour la première fois, une mortalité infantile de civilisation du premier type. C'est une mortalité qui cède relativement vite avec l'éducation sanitaire des mères.
Avec la petite enfance, apparaît une composante nouvelle, les morts violentes. Elles vont, jusqu'à l'âge adulte, constituer dans les pays riches l'essentiel de la mortalité. À ces âges, la mortalité endogène de vieillissement est en effet insignifiante.
Avec l'âge adulte, la mortalité endogène de vieillissement prend de plus en plus d'importance. Il s'y ajoute une mortalité de civilisation du second type. Les variations de mortalité sont en effet grandes d'un pays à l'autre, même pour des pays situés au même stade de développement économique. C'est le mode de vie, bien plus que la richesse, qui est ici en cause.
Aux âges élevés, la mortalité endogène de vieillissement prend le dessus et les différences entre populations s'atténuent.
Enfin arrivent les très grands âges où l'on retrouve les fortes mortalités du début, comparables à celles qui suivent la conception. Seules les meilleures combinaisons géniques subsistent encore. On pourrait presque parler ici de mortalité génétique, tant elle semble immuable au cours du temps.
Les recherches sur les mécanismes du vieillissement biologique de l'être humain ont beaucoup progressé à partir des années soixante-dix, et on peut espérer que des progrès décisifs permettront à de plus en plus d'individus de s'approcher de la limite de la vie humaine. Cette limite était de cinquante ans chez le lointain ancêtre de l'homme, l'australopithèque ; elle est passée à soixante-dix ans avec l'Homo erectus et à cent dix ans avec l'Homo sapiens (elle est de cinquante ans chez le chimpanzé). Le xxie siècle pourrait voir la limite humaine se déplacer au-delà de cent dix ans.
Bien entendu,[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean BOURGEOIS-PICHAT : président du Comité international de coopération dans les recherches nationales en démographie (C.I.C.R.E.D.)
Classification
Média
Autres références
-
ADDICTION (psychologie)
- Écrit par Joël BILLIEUX
- 954 mots
La consommation de substances psychoactives (provoquant une altération du fonctionnement cérébral) est un problème majeur de santé publique et une des premières causes de mortalité sur un plan mondial. Différents types d’usages peuvent être identifiés : l’usage non problématique (contrôlé,...
-
AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale
- Écrit par Roland POURTIER
- 24 465 mots
- 27 médias
...grâce aux insecticides et à la diffusion des moustiquaires, meilleure connaissance des pathologies tropicales, amélioration générale des conditions de vie. La conséquence en a été une baisse spectaculaire de la mortalité, même si elle est encore la plus élevée au monde en raison de la persistance d'une... -
ANTIBIOTIQUES
- Écrit par Aurélie CHABAUD , Sylvain MEYER et Marie-Cécile PLOY
- 6 760 mots
- 6 médias
Au début des années 1940, le microbiologiste américain Selman A. Waksman, découvreur de nombreux antibiotiques dont la streptomycine – ce qui lui valut le prix Nobel de médecine en 1952 –, définit un antibiotique comme une substance chimique, produite par un micro-organisme, qui inhibe la croissance...
-
ASSURANCE - Histoire et droit de l'assurance
- Écrit par Jean-Pierre AUDINOT , Encyclopædia Universalis et Jacques GARNIER
- 7 490 mots
- 1 média
...de calcul dans les jeux de hasard). À la même époque, Christiaan Huygens également – mais aidé de son frère – rédige la première table de mortalité, et Jean de Witt, grand pensionnaire de Hollande, établit le premier calcul des rentes viagères, dont le coût était jusqu'alors de détermination... - Afficher les 37 références