MOSAÏQUE, art
Mosaïque murale
L'histoire de la mosaïque murale suit un cours très différent de celui de la mosaïque de pavement. Née beaucoup plus tard, au ier siècle avant J.-C., à Rome probablement, elle se répand dans l'Empire au iie et au iiie siècle. Appliquée tout d'abord à des surfaces réduites (fontaines, mosaïque de la Domus aurea de Néron), c'est à partir du début du iie siècle qu'elle commence à couvrir des voûtes d'une certaine importance (thermes des Sept Sages à Ostie datant de l'époque d'Hadrien). Cependant, ce n'est que dans des monuments du ive siècle que des mosaïques de revêtement d'une étendue plus considérable sont conservées (église SainteConstance à Rome, mausolée de Cent Celles près de Tarragone, en Espagne, milieu du ive s.). Aux moments de ses plus grands essors, au ve et au vie siècle tout autour de la Méditerranée, du xe au xiie siècle à Byzance et en Sicile, la mosaïque murale est le premier des arts plastiques. Contrairement à la mosaïque de pavement, restée surtout décorative, elle concrétise par l'image l'essence de la foi chrétienne.
Pourtour méditerranéen
Le démontage et la restauration de mosaïques paléochrétiennes (Rome) et byzantines (Constantinople, Kiev, Sicile) ont permis de connaître les procédés de travail des maîtres mosaïstes : la surface à décorer était enduite d'une ou deux couches de ciment sur laquelle étaient tracées les grandes lignes de la composition. On y appliquait ensuite une couche de mortier fin étendue sur une surface restreinte, correspondant au travail que l'on pouvait effectuer en une seule journée, cela afin d'éviter le durcissement du support. Sur cette surface était peinte l'image dans tous ses détails et avec les couleurs voulues, puis on y appliquait les cubes. Il s'agit donc d'œuvres créées sur place, encore que des esquisses à petite échelle aient sans doute servi à préparer l'ouvrage. Les matériaux sont en principe les mêmes que dans la mosaïque de pavement, avec une grande proportion de pâtes de verre, soit de couleurs, soit colorées ultérieurement. L'or et l'argent, fréquents à Byzance, sont appliqués, sur des cubes de verre incolore ou vert bouteille, en lamelles très minces, recouvertes elles-mêmes d'une autre plaque de verre. Les divers tons des verres créent un jeu de teintes qui font vibrer les surfaces. En général, les tesselles sont posées à plat, mais, dans certains cas (par exemple, dans les mosaïques de l'abside principale et du tympan de la porte nord du narthex de Sainte-Sophie, Constantinople, ixe et xe s.), elles sont inclinées pour être mieux vues du spectateur et intensifier les reflets de la lumière.
Ce n'est que dans les édifices chrétiens toujours ouverts au culte ou conservés comme musées que des mosaïques murales d'une certaine ampleur sont préservées. Au ve et au vie siècle, programmes et iconographie varient encore d'un édifice à l'autre. Le Christ trônant en majesté, deuxième parousie (à Rome, Sainte-Pudentienne, vers 390, deux absides de Sainte-Constance, seconde moitié du ive s. ; Hosios David à Thessalonique, milieu du ve s.), le Christ debout (Saints-Côme-et-Damien, Rome, milieu du vie s.), la Transfiguration (église du couvent de Sainte-Catherine au mont Sinaï, entre 547 et 565 ; basilique Saint-Apollinaire-in-Classe près de Ravenne, milieu du vie s.) ornent les absides ; des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament couvrent les murs des basiliques (Sainte-Marie-Majeure, à Rome, vers 435 ; Saint-Apollinaire-le-Neuf à Ravenne, entre 494 et 526).
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Écrit par
- Jean-Pierre DARMON : directeur de recherche au C.N.R.S.
- Henri STERN : directeur de recherche au C.N.R.S.
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