MOSCOU
Moscou contemporain
Restaurée dans son rôle de capitale en mars 1918, Moscou est devenue la ville modèle de l'U.R.S.S., incarnant le centre de gravité politico-administratif et économique d'un État très centralisé. Les transformations de la ville depuis lors reflètent le rythme de l'évolution du pays, ponctuée par d'importantes périodes de croissance et déterminée par un système de planification aux objectifs ambitieux mais aux résultats inégaux. Tout en portant fortement l'empreinte du xxe siècle soviétique, Moscou est marquée, depuis l'effondrement de l'U.R.S.S., par de fortes mutations qui rendent compte du dynamisme de la ville et de la volonté d'en faire la cité phare de la nouvelle Russie.
Le redressement des années 1920
Au sortir des années de guerre, de révolution et de guerre civile, Moscou est plus que jamais ce « grand village », ainsi que la surnomment les contemporains, meurtri par les bouleversements mais qui se ressaisit rapidement. L'évolution démographique de la ville, tout particulièrement, illustre l'ampleur de la rupture des années 1914-1921, autant que la rapidité du redressement. Alors que Moscou comptait 2 millions d'habitants au début de l'année 1917, à peine plus d'un million sont enregistrés en 1920. En 1926, la ville retrouve sa population de 1917, avec un peu plus de 2 millions d'habitants. Cependant une partie importante de cette population n'est moscovite que de fraîche date puisque 40 p. 100 des habitants sont arrivés depuis la révolution et seulement 35 p. 100 sont nés à Moscou. Important centre d'immigration avant la Première Guerre mondiale, la ville retrouve cette vocation. Mais les comportements des nouveaux immigrants ont changé. Ce sont moins des hommes seuls que des familles entières qui viennent désormais s'installer dans la capitale. Moscou attire également de nombreux juifs des anciennes provinces occidentales de l'Empire, pour qui l'accès aux grandes villes était strictement limité jusqu'en 1917. Alors qu'ils étaient moins de 5 000 en 1917, ils sont 130 000 en 1926 et ils constituent depuis 1921 le deuxième groupe national de Moscou après les Russes.
La Nouvelle Politique économique (N.E.P.) des années 1920 réactive davantage l'économie moscovite traditionnelle qu'elle ne promeut la grande industrie. À peine 20 p. 100 de la population active sont constitués d'ouvriers travaillant en usine, dans la métallurgie et le textile principalement ; les entreprises artisanales sont encore très nombreuses et, à la faveur de la détente, le petit commerce prolifère. Signe de changements cependant : l'accroissement spectaculaire du nombre des employés. Par rapport aux années d'avant guerre, leur effectif dans les entreprises, les services et les administrations a augmenté de 52 p. 100, exprimant non seulement le développement des nouvelles fonctions administratives de la capitale, mais également l'importance de la politique de création d'emplois menée par l'État dans un contexte de fort chômage (environ 200 000 personnes en 1926). Cette décennie riche en projets urbains laisse cependant peu de traces. Les quelques innovations architecturales de la période, tel l'immeuble des Izvestia conçu par Grigori Barkhine ou la tour de transmission radiophonique par Vladimir Chouchkov ont surtout valeur de symbole de ces années, fécondes en inventivité, pauvres en réalisation.
Les années 1930 : une décennie décisive pour Moscou
Si les années 1920 ont peu modifié la physionomie de Moscou, les années 1930 sont celles des grandes transformations. Au carrefour des deux décennies, le grand « bond en avant » qui accompagne l'avènement du régime stalinien et qui se concrétise par le premier plan quinquennal (1929-1933), affecte directement la capitale. En effet, la mise en[...]
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Écrit par
- Galia BURGEL : chercheur au laboratoire de géographie urbaine de l'université de Paris-X
- Catherine GOUSSEFF : chercheur au C.N.R.S., directrice du Centre d'études des mondes russe, caucasien et centre-européen (C.N.R.S. - École des hautes études en sciences sociales)
- Roger PORTAL : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
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Médias
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