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MOSQUÉE

Mosquée de Yazd - crédits :  Bridgeman Images

Mosquée de Yazd

Le mot masdjid (pl. masādjid), mosquée, associe la racine sadjada – se prosterner – au préfixe de lieu m ; il désigne donc avant tout le lieu où le fidèle se prosterne pendant les prières rituelles et ne suppose à première vue rien de plus qu'un espace rituellement pur. Au fil du temps, ce terme est cependant venu recouvrir une réalité d'une complexité grandissante, tant dans ses fonctions que dans son organisation et, surtout, dans ses formes architecturales. Nous présenterons une esquisse de l'évolution de la Mosquée du Vendredi depuis ses origines jusqu'au xvie siècle, époque où les différents schémas d'organisation spatiale sont formulés de manière définitive. Nous ne parlerons pas ici des aires périphériques du monde islamique – Indonésie, Malaisie, Chine, Afrique saharienne... –, la plupart des mosquées y sont en effet relativement récentes et déterminées par des civilisations vernaculaires peu marquées par l'islam.

La genèse de la mosquée

Le Coran emploie également le terme de masdjid pour des sanctuaires préislamiques, et, pour Mahomet, le masdjid principal reste celui – préislamique – de La Mecque. Le musulman, en principe, n'a pas besoin de sanctuaire pour accomplir les rites de sa religion. Selon un hadith (ensemble des propos attribués au Prophète), la terre entière est le masdjid d'Allāh (par opposition aux juifs et aux chrétiens qui auraient besoin de synagogues et d'églises), et un autre dit : « Là où t'atteint l'heure de la prière, tu dois l'exécuter et cela est un masdjid. » D'ailleurs, la première communauté islamique à La Mecque n'avait pas d'endroit particulier pour accomplir la prière en commun. Il n'est donc pas étonnant que le Coran ne contienne aucune précision en ce qui concerne la forme que doivent avoir les masājdid islamiques.

Toutefois, l'attachement du Prophète aux traditions mecquoises, toutes centrées sur un sanctuaire, et la nécessité d'un espace pour le service religieux communautaire aboutissent à la création d'édifices spécifiques. L' Arabie préislamique avait connu, à côté de temples, de synagogues et d'églises, des espaces en plein air, entourés d'une enceinte, en général situés en dehors des villes, et qui servaient aux assemblées de croyants lors des fêtes religieuses. La tradition du musalla (de salāt, prière) est reprise par les premiers musulmans et fait partie des éléments qui déterminent la configuration des premières mosquées communautaires.

Dès le viie siècle, une distinction s'établit entre le simple masdjid – oratoire privé – et le masdjid djāmi‘ (de djama‘a, réunir, rassembler) – la mosquée qui réunit la communauté entière (ou tout du moins la partie masculine de celle-ci) pour le service religieux du vendredi midi, qui comprend un prône (khutba), à teneur souvent politique, et dont la prière se termine par une invocation de la grâce divine sur le souverain régnant. La proclamation du nom de ce dernier, dans la principale prière communautaire de la semaine, est l'un des symboles du pouvoir les plus importants dans l'islam, témoignage éloquent de la fusion insoluble, pour cette civilisation, entre spirituel et temporel. Le masdjid djāmi‘, que l'on traduit le plus souvent par grande mosquée, mosquée du vendredi, mosquée-cathédrale ou encore mosquée de congrégation, bénéficie donc dès l'époque omeyyade d'une élaboration formelle destinée à manifester le pouvoir du souverain et la prospérité de la communauté. Par ses fonctions et par son aspect, la grande mosquée devient ainsi l'édifice public le plus important de la cité. Parallèlement, le simple masdjid adopte des formes variées, selon qu'il sert d'oratoire de quartier ou de lieu de dévotion seigneurial intégré au palais.[...]

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Écrit par

  • : professeure d'histoire de l'art et d'archéologie islamiques à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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