Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MOSSADEGH ou MUṢADDAQ MUḤAMMAD HIDĀYĀT dit (1881-1967)

Issu d'un milieu social aisé et cultivé, Mossadegh fait ses études à Téhéran. En 1896, il est contrôleur des impôts dans la province du Khorassan. Après dix années de service au ministère des Finances, il part à l'étranger. Étudiant à l'École des sciences politiques de Paris, il poursuit des études de droit en Belgique et en Suisse. En 1914, il publie sa thèse à Paris : Le Testament dans le droit musulman. C'est à cette époque que Mossadegh prend conscience de l'ingérence des puissances étrangères dans les affaires de son pays, notamment en matière d'exploitation des gisements de pétrole. En 1901, un monopole d'exploitation, couvrant les cinq sixièmes du pays, avait été accordé à un Anglais, sir William Knox d'Arcy, et, avant la Première Guerre mondiale, ce monopole était passé aux mains de la Compagnie anglo-iranienne des pétroles, à 53 p. 100 britannique. En 1919, pour assurer ses privilèges, Londres oblige la Perse à signer une convention plaçant le gouvernement de Téhéran sous le contrôle de conseillers britanniques ; Mossadegh adopte alors une position nationaliste. De retour à Téhéran en 1915, il est membre de la commission de contrôle de l'Assemblée législative ; deux ans plus tard, il est sous-secrétaire au ministère des Finances. En 1921, après le coup d'État de Reza khān Pahlavi, Mossadegh est ministre de la Justice dans le gouvernement de Sa‘īd Ziā al-din, puis est nommé gouverneur général de la province du Fārs. Déjà, il songe à nationaliser les pétroles. Ministre des Finances en 1921, il occupe le poste de ministre des Affaires étrangères en 1922, en même temps que celui de gouverneur de l'Azerbaïdjan. Membre des majlis (chambres basses) de 1923 à 1927 et participant activement à l'élaboration et à la mise en place de réformes faites sur le modèle de celles de la Turquie de Mustafa Kemal, il entre en désaccord avec le shāh, couronné empereur en 1925, et s'écarte du pouvoir. Méfiant à l'égard de son réformisme, Reza shāh le fait emprisonner à Téhéran, puis le transfère à Birjand, dans l'est de l'Iran ; finalement, Mossadegh est installé en résidence surveillée dans le village de Saojbulagh, où, écarté de toute activité politique, il se consacre à l'agriculture. Sa vie de reclus s'achève en 1941, lorsqu'il est libéré par le gouverneur militaire ; Reza shāh ayant été accusé d'alliance avec l'Axe, les Anglais et les Russes entrent en Iran. L'empereur abdique en faveur de son fils Muḥammad Reza. Mossadegh revient à la vie politique en 1944 : il est élu député. Se faisant alors le champion des réformes et des nationalisations, il propose une loi interdisant de nouvelles concessions aux compagnies étrangères. En 1945, lorsqu'un soulèvement d'inspiration socialiste éclate en Azerbaïdjan, Mossadegh propose au Parlement un référendum, afin de changer la Constitution et de créer une fédération d'États semi-autonomes (dont l'Azerbaïdjan) ; il échoue. Un an plus tard, dénonçant la politique du gouvernement, qui ne fait rien pour les régions de populations non iraniennes ni pour les paysans, Mossadegh obtient le soutien du Parlement. En même temps, il ose accuser l'U.R.S.S. d'ingérence dans les affaires de l'Iran. Les réformistes de droite et de gauche se rapprochent peu à peu du Front national de Mossadegh. Bien que minoritaire aux Majlis, ce parti est le seul à s'opposer à la politique de ‘Alī Razmara. En 1949, une commission de nationalisation des pétroles est créée ; à sa tête se trouve Mossadegh. Au même moment le parti du Front national, ou Tudeh (interdit à la suite d'une tentative d'assassinat du shāh), organise une grève générale. Malgré l'instauration de la loi martiale, l'agitation continue. Le Parlement se déclare favorable[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • BAZARGAN MEHDI (1907-1995)

    • Écrit par
    • 322 mots

    Homme politique iranien né en septembre 1907 à Téhéran, mort le 20 janvier 1995 à Zurich.

    Fils d'un marchand azéri, Mehdi Bazargan étudie la thermodynamique et l'ingénierie à l'École centrale de Paris. De retour en Iran, il enseigne l'ingénierie à l'université de Téhéran et devient doyen du collège...

  • IRAN - Histoire et politique

    • Écrit par , et
    • 22 388 mots
    • 10 médias
    ...de concession, ce qui déchaîna la fureur du gouvernement et de la presse soviétiques. Cela n'empêcha pas le Madjlis de voter, sur la proposition du Dr  Mossadegh, une loi interdisant aux ministres de mener avec des États ou des compagnies étrangers des négociations sur l'octroi de concessions pétrolières...
  • MUḤAMMAD REZA PAHLAVI (1919-1980) shāh d'Iran (1941-1979)

    • Écrit par
    • 1 368 mots
    • 2 médias

    Muḥammad Reza (Rīza) est le fils aîné de Reza shāh. Élevé à l'École des cadets, il reçoit une éducation française et poursuit ses études en Suisse de 1931 à 1936. À son retour en Iran, son père l'initie à la vie politique et, tout en fréquentant le collège militaire de ...