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MOTET

Le motet est une forme musicale dont les origines remontent aux xiie et xiiie siècles. Généralement appliqué à la musique sacrée, bien que s'inspirant aussi de chants profanes, ce terme a recouvert, au cours des siècles, des réalités différentes. Forme polyphonique écrite en contrepoint sur une « teneur », le motet médiéval devient isorythmique dans l'emploi qu'en font les tenants de l'Ars nova. La Renaissance voit se développer la technique de l'imitation continue. La mutation de la musique religieuse à la fin du xvie siècle (naissance du baroque) suscita le motet classique d'origine italienne qui s'épanouit notamment dans le style versaillais au long des xviie et xviiie siècles. Dans la suite, le terme « motet » servit à désigner tout genre de composition religieuse distincte de la messe ou de l'oratorio.

Les origines

Le passage de la monophonie à la diaphonie, ou chant à deux voix, s'effectua à la fin du ixe siècle. Les principes de cette diaphonie se trouvent consignés dans le traité Musica enchiriadis du Pseudo-Hucbald. Ainsi est décrit sous sa forme la plus primitive le genre connu sous le nom d' organum : une vox principalis exécutait le thème liturgique, tandis qu'une vox organalis se développait parallèlement à la voix principale pour s'unir à elle à la conclusion. À la diaphonie succéda le déchant : la partie de discantus évoluait non plus parallèlement à la voix principale mais par mouvement contraire, formant avec elle des intervalles de quinte ou de quarte, d'octave ou d'unisson ; la tierce, considérée comme dissonance, n'apparaît que plus tard. Le premier déchant était assez rude, mais au début du xiie siècle, à l'abbaye Saint-Martial de Limoges, il s'assouplit et s'orne de vocalises ou «  mélismes ». Ce principe de l'ornementation du déchant aboutit à une différenciation très nette des voix : la vox principalis prend le nom de teneur et évolue en valeurs longues, tandis que la vox organalis se rythme et affirme son indépendance mélodique. Qui plus est, ce nouvel organum s'enrichit de voix supplémentaires (organum triplum et organum quadruplum). Il connaît son apogée à la fin du xiie siècle et au début du xiiie avec l'école de Notre-Dame et Pérotin le Grand.

Or il se produisit pour les passages mélismatiques des organa le même phénomène qui s'était produit quelques siècles plus tôt pour les « jubilations » de l'Alléluia grégorien.

Les moines de Saint-Gall et de Jumièges avaient eu l'idée de pourvoir les mélismes de textes pour en faciliter la mémorisation : ainsi naquirent les « tropes » et les «  séquences ». De même, on adapta aux vocalises des «  clausules » de l'organum des paroles différentes du texte liturgique principal, et la partie ainsi pourvue d'un texte nouveau s'appela motetus (petit mot). Isolé de l'organum, le procédé devait donner naissance à une forme nouvelle : le motet, qui connut son épanouissement au xiiie siècle.

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