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MOTIVATION

Le concept de motivation en éthologie

L' expérimentation développée par les éthologistes modernes a mis en relief les divers types de variations selon lesquelles peut s'exprimer un comportement lorsqu'un même stimulus est présenté successivement à un même animal. Certaines de ces variations sont des modifications progressives plus ou moins rapides de la forme ou de l'intensité de la réaction (habituation, conditionnement, apprentissage) ; d'autres possèdent des caractères de réversibilité, de cyclisation et de plasticité qui les éloignent des précédentes (l'oiseau ne répond au stimulus « œuf » par le comportement « couvaison » que pendant une courte période de l'année ; chez les mammifères, la femelle ne présente au stimulus « mâle » la réponse « posture d'accouplement » que pendant certaines phases de son cycle génital). La nature des changements internes qui modifient la capacité de réponse, l'intégration des réponses séparées en séquences fonctionnelles, la directivité du comportement sont autant d'éléments que, jusqu'à ces dernières années, on a groupé sous le terme vague de motivation : « facteur psychologique prédisposant l'individu, animal ou humain, à accomplir certaines actions ou à tendre vers certains buts » (H. Piéron). Les distinctions n'ont pas toujours été claires entre « motivation », « pulsion » et « drive ». À l'heure actuelle, les psychophysiologistes s'efforcent d'analyser de manière précise tous les facteurs ayant un effet énergétique direct sur l'activité de l'animal en évitant l'emploi de ces notions trop vagues.

En général, il est possible de lier causalement un type de comportement et un certain nombre de facteurs externes ou internes : durée d'une période de jeûne et prise alimentaire ; état de concentration de l'hormone testiculaire et comportement sexuel mâle, etc. Mais les problèmes ne sont pas toujours aussi simples, et l'on a pu décrire l'effet déprimant sur le comportement sexuel d'une privation prolongée de nourriture ou l'effet excitant d'une privation sexuelle sur le comportement agressif.

Pour aller plus avant, on a multiplié les expériences de combinaison de comportements et montré les degrés réels de leurs interrelations : des rats courent plus vite pour éviter un choc douloureux ou émotionnel quand ils sont modérément affamés ou assoiffés que lorsqu'ils sont rassasiés. Deux périodes d'une minute de manipulation d'un rat par l'expérimentateur pendant la copulation accroissent notablement l'activité sexuelle et réduisent le nombre d'intromissions avant la première éjaculation, mais seulement si les mâles étudiés sont vieux. Devant une telle intrication des phénomènes, on est obligé d'écarter les théories simples de N. Tinbergen (1952), qui n'envisagent le comportement que sous la forme d'un assemblage hiérarchique d'activités, chacune de celles-ci possédant ses facteurs particuliers de causalité.

Beaucoup d'auteurs, particulièrement à la suite de la formulation de Hull (1943, 1952), considèrent que ces variables motivationnelles s'ajoutent aux stimuli efficaces pour contribuer à l'expression d'un « drive général » dont dépend l'intensité du comportement. J. S. Brown (1961) voit ce drive fonctionner seulement comme un activateur supra-spécifique. Cette conception même du drive général est dénoncée comme souvent dangereuse ou au moins inutile par R. A.  Hinde (1970), qui estime plus objectif de s'en tenir aux termes descriptifs du continuum : état vigile → éveil → activation. La recherche sur les motivations se trouve alors menée en parallèle avec la recherche physiologique sur l'activité du système nerveux central (système réticulaire), du système endocrine ou du système métabolique[...]

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