MOTO
Moto et sociologie
Le motard
Initialement, le terme « motard » fait référence aux motocyclistes de la police, de la gendarmerie et des douanes. Le terme exact est motocycliste, bien que motard recouvre désormais, par extension, tous les conducteurs de moto. Chevalier des temps modernes (Pierre-William Glenn a intitulé en 1974 son film sur le monde de la moto Le Cheval de fer), le motard est un passionné. Bien plus que l'automobile, souvent considérée comme un simple moyen de transport, la moto est effectivement affaire de passion. Si de nombreux citadins utilisent désormais un deux-roues de façon utilitaire, comme moyen de déplacement, la moto sert aussi à se faire plaisir, à l'instar d'une voiture de sport (pour un prix néanmoins beaucoup plus abordable). Capacité d'emport de passagers et de bagages minimale, confort plus ou moins rudimentaire suivant les modèles, sensibilité totale aux variations climatiques : faire de la moto est un acte courageux. Pénible par forte chaleur, rude en hiver, par temps froid ou sous la pluie, piloter une moto n'est pas une sinécure. Cependant, le motard y trouvera toujours du plaisir.
Et que dire de l'équipement du passager ? Là encore, rien à envier aux chevaliers du Moyen Âge. En l'absence de carrosserie protectrice, le motard ne peut compter que sur son équipement en cas d'imprévu, nul ne le répétera jamais assez. Cet équipement doit être complet : un casque, un blouson en cuir ou en textile équipé de coques protectrices (dorsale, épaules et coudes généralement), un pantalon muni de coques et de renforts dans le meilleur des cas, des gants renforcés en cuir ou en textile, et des bottes montantes, à même de protéger les chevilles qui sont très exposées. Voilà en quoi consiste l'attirail idéal du motard ; il n'est pas toujours très agréable à porter, mais il s'agit de la seule protection en cas de chute. Il y a des motards de tous les âges, même si la population est majoritairement jeune et sans enfants. Certains critères (naissance des enfants notamment) amènent à l'arrêt de la pratique motocycliste. Tout cela fait que le motocyclisme est souvent perçu comme un loisir, voire un luxe. Mais, malgré ces entraves, la liberté est le sentiment prédominant lorsqu'on roule à moto.
La liberté
La moto est évocatrice d'un sentiment de liberté, voire de rébellion. Ce phénomène est en partie dû au cinéma ou à la chanson. Des films comme L'Équipée sauvage (1953), avec Marlon Brando, La Grande Évasion (1963), avec Steve McQueen, Easy Rider (1969), avec Dennis Hopper et Peter Fonda, ou encore Tchao Pantin (1983), avec Coluche et Richard Anconina, des chansons (L'Homme à la moto d'Édith Piaf, en 1956, les allusions de Renaud à son blouson de cuir dans Morgane de toi, entre autres) utilisent la moto comme symbole d'une certaine liberté de mouvement et de pensée. Dépourvue de carrosserie, la moto met directement son pilote en contact avec l'extérieur, les éléments. Moins chère à l'achat qu'une automobile, la moto, ou plus généralement le scooter ou la Mobylette, est synonyme de premier moyen de transport pour bien des jeunes, et par là même d'autonomie et d'un premier pas vers l'émancipation.
Cette notion de liberté, vécue notamment par les générations des années 1970-1980, a cependant eu ses travers. Les jeunes motards d'alors, porteurs de blousons de cuir noir, étaient généralement considérés – souvent à tort – comme des voyous, l'association « motard-loubard » étant un cliché qui perdure. Il est vrai que certains rassemblements de l'époque se terminaient en courses sauvages, comme à Rungis (Val-de-Marne), apportant leur lot de drames. Pourtant, la quasi-totalité des motards sont loin d'être des voyous, bien au contraire. Un certain code de conduite existe chez les motards : saluer les motards qu'on croise[...]
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Écrit par
- Simon PALATCHI : journaliste indépendant
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