MOTONOBU KANŌ (1476-1559)
Après la mort du shōgun Yoshimasa en 1490, les Ashikaga deviennent la proie de factions rivales des grandes familles guerrières qui, tour à tour, imposent ou déposent les shōgun. Des enfants sont intronisés, puis exilés, des moines sortent de monastères pour leur succéder. Le désordre règne dans les provinces et dans la capitale, que de riches marchands s'efforcent d'administrer. Les bases mêmes de la société sont ébranlées et, dans ce monde en mutation, les artistes doivent contenter une clientèle plus variée. De même que subsistent un palais shogunal et un shōgun dépourvu de toute autorité, de même subsiste son peintre officiel, Kanō Motonobu, qui, lui, semble avoir dominé le monde artistique de son temps.
Un peintre officiel
Fils de Kanō Masanobu, Motonobu s'initia probablement à l'art de peindre auprès de son père, mais il pourrait aussi avoir travaillé avec Tosa Mitsunobu, le chef de l'atelier de la cour impériale. Il aurait même, selon la tradition transmise par ses descendants, épousé la fille de ce dernier. Il succéda à son père et hérita du titre honorifique d'Echizen no kami (gouverneur d'Echizen) auquel il adjoignit celui d'Oi no suke (adjoint au directeur de l'Office des cuisines du palais impérial). Après 1546, il fut nommé hōkkyō (« pont de la loi ») puis, plus tardivement, hōgen (« œil de la loi »). S'il a travaillé pour les shōgun, sa clientèle comprenait aussi l'empereur (à qui il présenta en 1533 un paravent dans le style chinois), les daimyō, l'aristocratie de cour et les grands monastères. Sa renommée s'étendit jusqu'en Chine et l'on conserve au Yamato Bunka-kan, près de Nara, la copie effectuée cent ans plus tard, à la demande de son arrière-petit-fils, d'une lettre très louangeuse d'un Chinois de Ningbo. Celui-ci écrivait que, si Motonobu avait la possibilité de venir sur le continent, il deviendrait volontiers son disciple. Il est possible qu'un moine zen ait apporté à Ningbo une de ses œuvres. Motonobu aurait aussi, à la demande des Ouchi, grands maîtres du commerce avec l'étranger, peint des paravents destinés à l'empereur de Chine.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Madeleine PAUL-DAVID : ancien maître de recherche au CNRS, professeure honoraire à l'École du Louvre, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
Classification
Autres références
-
JAPON (Arts et culture) - Les arts
- Écrit par François BERTHIER , François CHASLIN , Encyclopædia Universalis , Nicolas FIÉVÉ , Anne GOSSOT , Chantal KOZYREFF , Hervé LE GOFF , Françoise LEVAILLANT , Daisy LION-GOLDSCHMIDT , Shiori NAKAMA et Madeleine PAUL-DAVID
- 56 170 mots
- 35 médias
-
TOSA ÉCOLE
- Écrit par Marie MATHELIN
- 650 mots
École de peinture japonaise dont l'origine remonte au xive siècle. C'est la seule école à maintenir officiellement la tradition de la peinture japonaise (Yamato-e) élaborée aux époques Heian (ixe-xiie s.) et Kamakura (xiiie-xive s.). À partir du xve siècle le Yamato-e est détrôné...