MOTRICITÉ
La motricité chez les Mammifères
Conformément aux remarques ci-dessus, l'analyse de la motricité des Mammifères se fera par niveaux successifs de complexité, en cherchant à isoler d'abord des phénomènes moteurs segmentaires (les réflexes), puis des mécanismes de coordination intersegmentaire, puis enfin des processus de contrôle suprasegmentaire.
Réflexes segmentaires, plurisegmentaires et intersegmentaires
Définissons un réflexe comme la réponse motrice stéréotypée à l'excitation d'une certaine catégorie de récepteurs de la sensibilité générale. On ne décrira ici que quelques types de réflexes.
– Les réflexes à point de départ musculaire, plus précisément le réflexe myotatique : ses récepteurs sont dans le muscle lui-même (fuseau musculaire) et sont excités lorsque celui-ci subit une traction. À une telle traction, le muscle répond par une contraction ; en sorte qu'à la limite il pourra conserver une certaine longueur quelle que soit la traction exercée, ce qui réalise le plus simple des systèmes asservis. Grâce à ce tonus d'origine réflexe, la position des articulations sera maintenue et contribuera en particulier à la station debout, par « résistance active » des extenseurs. Il s'agit d'un réflexe segmentaire, très localisé, puisqu'il n'intéresse en principe que le muscle étiré lui-même.
D'autres récepteurs de l'appareil musculaire – ceux des tendons en particulier – ont une action réflexogène plus complexe, puisqu'ils peuvent, au contraire des récepteurs fusoriaux, entraîner l'inhibition de la contraction du muscle impliqué. La physiologie du mouvement est actuellement riche d'informations sur les effets de ces messages musculaires sur les différents groupes fonctionnels de motoneurones.
– Les réflexes à point de départ cutané : plus complexes, ces réflexes répondent à la stimulation des récepteurs tactiles et surtout nociceptifs (sensibilité douloureuse). Lorsqu'on met ainsi en jeu ceux d'un membre, il se fléchit, ce qui revient à la contraction de l'ensemble des fléchisseurs et, d'un point de vue finaliste, au retrait du membre de la « source » de douleur. Là ne s'arrête pas l'effet de cette stimulation, surtout si elle est intense. À ce réflexe ipsilatéral de flexion peut en effet s'associer une extension du membre contralatéral (réflexe contralatéral d'extension) et même un élargissement des effets vers l'avant (lorsque la stimulation est portée sur un membre postérieur) ou vers l'arrière (pour une stimulation antérieure). Grâce aux coordinations intersegmentaires, les membres correspondants se mettront soit en flexion, soit en extension, selon un ordre bien déterminé, en sorte que la posture résultante correspondra à une attitude caractéristique de l'animal. Ces diverses activités peuvent s'observer chez l'animal spinal, c'est-à-dire privé de tous ses centres supérieurs. Elles révèlent une organisation intraspinale extrêmement précise telle que la contraction des fléchisseurs s'accompagne d'une inhibition des muscles extenseurs ipsilatéraux antagonistes, qu'une flexion d'un membre s'accompagne de l'extension du membre contralatéral (tout au moins chez les Mammifères à démarche alternée) et que les réflexes spinaux des différents étages soient coordonnés grâce à des connexions intersegmentaires.
Réactions de posture, d'équilibration et de redressement
Base de la motricité, les réflexes spinaux n'expliquent pas par eux-mêmes l'ensemble de ses aspects : l'animal spinal ne tient pas debout (le réflexe myotatique, s'il contribue au tonus postural, n'est pas capable de l'entretenir à son niveau normal) ; cet animal ne se redresse pas quand il est en position anormale ; et enfin, il n'esquisse que des mouvements[...]
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Écrit par
- Pierre BUSER : membre de l'Académie des sciences, professeur émérite à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
Classification
Médias
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