MOULINS
Moulins doit son rang de préfecture de l'Allier à un long héritage historique. Elle apparaît dans l'histoire au xie siècle, lorsque les sires puis ducs de Bourbon y transfèrent leur capitale en lieu et place de Bourbon-l'Archambault, attestant ainsi la valeur de sa situation et de son site. En effet, le lieu établissait le contact entre le « Bocage bourbonnais » à l'ouest et la « Sologne bourbonnaise » à l'est ; quant au site, il offrait la possibilité de franchir l'Allier aux crues brutales et dévastatrices. Comme Vichy-Cusset ou Pont-du-Château-Clermont, Moulins, avec son quartier des mariniers, est ainsi l'une des villes de la batellerie du système Loire-Allier, reliée à Paris par le canal du Loing.
La cour des Bourbons est opulente, en particulier au xve siècle et spécialement sous l'égide de la régente Anne de France (Anne de Beaujeu). La ville en garde un riche patrimoine immobilier et artistique, de la cathédrale Notre-Dame et son célèbre triptyque du Maître de Moulins, aux restes du château ducal, en passant par l'ensemble architectural de la vieille ville regroupée autour de son beffroi (doté d'un jacquemart du xviie siècle avec ses automates). Le musée rappelle, à travers ses collections, cette splendeur moulinoise qui s'achève avec la trahison du connétable de Bourbon et le rattachement du Bourbonnais au domaine royal (1531).
Malgré ses fonctions de capitale de la province royale du Bourbonnais, Moulins s'endort sur les rives de l'Allier. Et son rôle de capitale régionale lui est contesté par Montluçon et Cusset, sous la Révolution, lors du choix de la préfecture de l'Allier. Le prestige du passé l'emporte toutefois et, depuis, Moulins vit au rythme de la fonction préfectorale, renforcée par la présence d'une solide fonction commerciale (y compris des foires jusqu'au milieu du xxe siècle) et de l'accueil dans ses murs (et encore aujourd'hui) d'une bourgeoisie (voire d'une noblesse) possédant une solide part des terres de la Sologne bourbonnaise. Elle dépend aujourd'hui encore très largement de l'activité administrative qui suppose aussi une fonction scolaire (lycées publics et privés), une fonction hospitalière (centre hospitalier, centre hospitalier psychiatrique), etc. Moulins, ville tertiaire (plus de 80 p. 100 de son activité), doit tout à la fonction publique et aux services privés rendus aux particuliers, suscités par les revenus fixes apportés par cette dernière.
Dès l'entre-deux-guerres, Moulins a tenté, avec réticence, une industrialisation, toujours très contrôlée par une bourgeoisie dirigeante résolument conservatrice. Elle s'est essayée alors aux activités liées aux productions de terroir (brasserie, cuirs et chaussures, colles). Il n'en reste pratiquement plus rien lorsque la décentralisation des années 1960 lui amène des entreprises parisiennes de grande taille (trois unités de 500 emplois entre autres) dans les secteurs de la construction mécanique et électrique (ex. : Bendix, Thomson), attirées par les bas salaires d'une main-d'œuvre non syndiquée, souvent féminine. Peu ont résisté à l'épreuve du temps, à l'exception de Bosch, ou Potain (grues) venue de la région lyonnaise. En revanche, nées à l'ombre de ces groupes, des P.M.E.-P.M.I. assurent un modeste emploi industriel dans une gamme très conventionnelle (ex. serrurerie).
Moulins (20 100 habitants dans la commune et plus de 61 000 dans l'aire urbaine en 2012) tente maintenant une modeste percée vers la fonction universitaire dépendant de l'université Blaise-Pascal de Clermont, en tant qu'antenne de l'I.U.T. de Montluçon. Elle espère aussi développer une activité touristique en s'appuyant sur le « triangle d'or » des Bourbons : château à Bourbon-l'Archambault, sépultures à Souvigny, ville ducale[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Christian JAMOT : professeur des Universités, université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand
Classification
Médias
Autres références
-
BOURBONNAIS
- Écrit par André LEGUAI
- 753 mots
Le point de départ du Bourbonnais a été une petite seigneurie qui ne correspondait ni à un ancien territoire gaulois, ni à une circonscription gallo-romaine. L'ancêtre présumé des sires de Bourbon semble avoir été un familier de Guillaume le Pieux, duc d'Aquitaine, nommé Aimard....