MOUTONS-BLANCS ou AK KOYUNLU
Fédération de tribus turkmènes dont le nom se réfère soit à un totem commun, éponyme, soit au fait que les membres de ces tribus élevaient des moutons blancs. L'un des clans de ces tribus, les Bayundur, donna naissance à des chefs qui prirent le pouvoir et l'initiative d'organiser cette fédération.
La première mention historique des Bayundur remonte à la chronique byzantine de 1340, dans laquelle il est dit qu'ils attaquent Trébizonde à plusieurs reprises. Qara ‘Uthman (dit Kara Yülük, ou « sangsue noire »), véritable fondateur des Aq Qoyunlu (ou Ak Koyunlu) épouse une princesse de cette ville. Après avoir écarté deux rivaux dont Qara Muḥammad (chef des Qara Qoyunlu en 1389), il se soumet à Timūr Leng (Tamerlan) et l'accompagne à la bataille d'Ankara contre Bayazīd Ier (1402). En récompense de ses services, Tamerlan lui octroie la souveraineté sur tout le Diyār-Bakr, région d'origine de la fédération.
Après la mort de Qara ‘Uthmān, en 1435, ses fils ‘Alī (mort en 1438) et Ḥamza (mort en 1444), loin de poursuivre les efforts de leur père pour pénétrer et s'établir sur les plateaux arméniens, se livrent à une lutte de succession qui profite au clan adverse, celui des Kara Koyūnlu, dont le territoire d'origine est situé au nord du lac de Van.
C'est le fils de ‘Alī, Uzun Ḥasan (1424-1478), qui se débarrasse du clan rival en tuant, vers 1467 l'un des derniers Qara Qoyunlu, Djahan shāh. Il arrive ainsi à étendre sa propre souveraineté du golfe Persique à Harāt.
Il transfère alors sa capitale à Tabrīz, ville déjà choisie par le clan rival qu'il vient de supplanter, et donne à sa propre fédération une dimension internationale, en nouant des relations diplomatiques et des alliances avec Venise, avec le pape, entre autres, dirigées contre la puissance grandissante des Ottomans. Pour asseoir sa domination, Uzun Ḥasan établit un système de cadastre agraire qui marque un net progrès par rapport aux systèmes précédents (ou à leur absence). Toute la Turquie orientale et une partie de la Perse conserveront ce système de recensement jusque sous les Ṣafawides.
Cette domination se perpétue et s'étend avec son fils Ya‘qūb (mort en 1490), mais s'effrite ensuite sous les effets conjugués des dissensions internes et de la propagande shī‘ite, inspirée par les Ṣafawides, au sein d'une population sunnite. En 1502, le Ṣafawide shāh Ismā‘īl vainc Alwand, petit-fils de Uzun Ḥasan à la bataille de Sharūr : cet événement marque la fin des Ak Koyunlu.
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Écrit par
- Philippe OUANNÈS : professeur associé à l'université de Paris-VIII
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