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ÉCOLOGISTE MOUVEMENT

L’écologie politique est née au début des années 1970. Dans de nombreux pays, cette idéologie est restée marginale – notamment dans les pays qui rencontrent le plus de difficultés de « développement » – mais, progressivement, dans d’autres zones (pays développés dits « du Nord »), son influence s’est accrue. Au début du xxie siècle, l’universalisation du modèle productiviste libéral entraîne de profondes modifications économiques et politiques, le « new public management » devient la norme de régulation entre les secteurs publics et privés, et plusieurs secteurs connaissent de profondes mutations : les communications, les biotechnologies (manipulations génétiques ou nanotechnologies) et les échanges internationaux (circulation des matières premières, des produits manufacturés, des services, des personnes…). Dans ce contexte, la situation environnementale internationale continue de se dégrader. Les rapports scientifiques internationaux, notamment ceux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), confirment l’accentuation du dérèglement climatique, l’effondrement de la biodiversité et l’artificialisation des sols, dans un contexte de crises sociales et géopolitiques : pressions démographiques, montées des inégalités, accélération des mouvements migratoires (dus aux guerres, à la pauvreté, au changement climatique…), pressions des systèmes techniques (nucléaire, chimique…), émergence de nouvelles maladies…

Dès l’origine, les partis écologistes ont interrogé et remis en cause la dynamique qui conduit à ces situations écologiques et sociales dégradées, tout en énonçant une interrogation fondamentale : comment concilier une perspective de croissance économique continue dans un monde aux ressources limitées ? Hypothétique lors de son énonciation originelle, confirmée depuis par les faits, la question est désormais confrontée à l’accentuation des contraintes sociales et écologiques qu’elle anticipait.

Face à ces changements, qui provoquent des perturbations majeures dans la vie des personnes et des peuples, les mouvements politiques classiques ne pouvaient apporter de réponses suffisantes. Conservateurs, libéraux, sociaux-démocrates, communistes, réformistes ou révolutionnaires restaient, depuis plus d'un siècle, rivés à des antagonismes classiques : dominants/dominés, possédants/exploités, libéralisme/dirigisme, capitalisme/socialisme, droite/gauche… Désormais, à l'échelle internationale, des partis écologistes élaborent des réponses politiques inédites, articulées autour d'une critique radicale du modèle productiviste – l’accumulation individuelle par la productivité, l’innovation et la croissance continue, destinée à apporter une amélioration du bien-être. Les programmes des mouvements écologistes restent cependant en grande partie façonnés par les contextes nationaux. En conséquence, ils hiérarchisent différemment les questions sociales (croissance des inégalités, urbanisation, guerre…) et les questions environnementales (pollutions, dérèglement climatique, atteintes à la biodiversité, besoins énergétiques…) – hésitant même parfois sur la question nucléaire. La diversité de leurs priorités s'explique aussi par les conditions politiques des pays concernés : la qualité du système représentatif (plus ou moins grande ouverture de l’espace électoral et institutionnel), la qualité du dialogue instauré avec les autres formations politiques (coalitions gouvernementales…), la prise de conscience des populations concernées (modifications des comportements, par exemple)…

Au-delà de ces différences entre[...]

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Écrit par

  • : professeur de science politique, AgroParis Tech, membre du laboratoire Printemps (professions, institutions, temporalités)
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Médias

Portrait d'Elisée Reclus - crédits : Nicku/ Shutterstock

Portrait d'Elisée Reclus

Henry David Thoreau - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Henry David Thoreau

Sabotage du <it>Rainbow Warrior</it> - crédits : Sydney Freelance/ Liaison/ 3rd Party - Agents/ Getty Images

Sabotage du Rainbow Warrior

Autres références

  • ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République fédérale d'Allemagne jusqu'à la réunification

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    ...obtenant 4,3 p. 100 des voix. S'il avait réussi à faire élire des députés, la coalition S.P.D.-F.D.P. ne serait pas arrivée au pouvoir cette année-là. L'élection des députés écologistes en 1983 met fin à une longue période de tripartisme, mais sans que le jeu des institutions en soit modifié, car la...
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    Bruno Kreisky et son parti n'ont pas compris la place nouvelle revenant à l'écologie dans la société autrichienne. En 1978,une campagne contre la mise en service de la centrale nucléaire de Zwentendorf impose un référendum, lors duquel les Autrichiens se prononcent à 50,47 % contre le nucléaire....
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    ...de soutien à la perestroïka et à la glasnost, Association indépendante des droits de l'homme (pour la minorité turque) et Club de Roussé (écologiste). En février 1989 vient le tour du syndicat indépendant Podkrepa (« Soutien », en langue bulgare) puis, deux mois plus tard, la fondation par des écologistes...
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