OUVRIER MOUVEMENT
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Esquisse d'une périodisation
Les facteurs qui conditionnent l'évolution du mouvement ouvrier sont d'une telle complexité que toute tentative de périodisation prête à controverse. Il apparaît toutefois qu'on peut distinguer quelques grandes étapes si on tient compte à la fois des influences nationales et de l'internationalisation du mouvement. On essaiera seulement de caractériser chacune de ces périodes.
La première moitié du XIXe siècle
Une première période débute à la fin de la crise révolutionnaire et des guerres de l'Empire, et se termine autour de 1848. Dès l'abord, un fait la caractérise : la très forte poussée du mouvement ouvrier anglais. En 1833 est créée sous l'influence d'Owen la Grand National Consolidated Trades Union qui, très rapidement, arrive à grouper 500 000 adhérents. Après son échec, dû à la répression, l'Angleterre connaît avec le chartisme le premier mouvement ouvrier de masse unissant des revendications politiques et économiques. La France est, tout au moins au début, dans une phase de transition. Si, en juillet 1830, les ouvriers ne constituent guère qu'une force d'appoint pour la bourgeoisie désireuse d'en finir avec le régime de la Restauration, dès 1831 (en novembre, insurrection des canuts lyonnais), ils engagent le combat sans perspective lointaine mais pour la défense de leurs intérêts. De plus en plus nombreux, ils participent à l'activité des sociétés secrètes. Durant la monarchie de Juillet, et surtout après 1840, les idées socialistes commencent à pénétrer dans une élite ouvrière encore encadrée par les artisans ou les ouvriers artisanaux (par cette expression empruntée à E. Labrousse, on désigne les ouvriers qui travaillent avec des procédés anciens dans de petites entreprises). En dépit des nouvelles lois répressives, il y a des grèves importantes à Paris en 1840. Flora Tristan, une femme d'origine bourgeoise mais très liée aux ouvriers et qui avait étudié sur place le mouvement ouvrier anglais, préconise sous le titre « l'Union ouvrière » une organisation générale des travailleurs. Elle échoue, mais l'idée était lancée. Le rôle des ouvriers est déterminant lors des journées de février 1848. Ce sont eux qui imposent avec la République la proclamation des libertés démocratiques fondamentales. Pour la première fois, un ouvrier, le mécanicien Albert, entre dans un gouvernement. Le gouvernement provisoire reconnaît le droit au travail, la liberté de fait des associations, crée une Commission du gouvernement pour les travailleurs, organise les ateliers nationaux pour les chômeurs, encourage les coopératives de production, supprime le marchandage (contrat par lequel un marchandeur se charge d'exécuter un travail pour un entrepreneur en lui fournissant la main-d'œuvre) et fixe, tout au moins à Paris, la journée de travail à dix heures. Toutefois il y a encore beaucoup d'illusions à propos de la fraternisation des classes, et, d'autre part, dans cette France demeurée rurale, Paris et les grandes villes sont relativement isolées par rapport au reste du pays. La suppression des ateliers nationaux provoque l'insurrection strictement ouvrière de juin. Elle est brutalement écrasée. En Allemagne, le mouvement ouvrier est en fait très localisé en Saxe et en Rhénanie où, pendant la crise révolutionnaire de 1848, Marx et Engels, prenant conscience du caractère nettement minoritaire du prolétariat, s'efforcent d'organiser un front commun des ouvriers, des artisans et de la petite bourgeoisie. Mais la défaite des ouvriers parisiens en juin 1848 ouvre une période de réaction. C'est cependant en 1847-1848 que se situe la première organisation révolutionnaire internationale. Il s'agit de la Ligue des communistes, dont le programme rédigé par Karl Marx, est connu sous le titre de [...]
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Écrit par
- Jean BRUHAT : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
- Bernard PUDAL : professeur émérite de science politique
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