PERPÉTUEL MOUVEMENT
La diffusion et les transformations
L'idée du perpetuum mobile n'a cessé de se répandre au Moyen Âge en Europe occidentale, mais l'inventaire des projets correspondants ne présente aucun intérêt. Il n'offre rien de nouveau, même pour la période de la Renaissance italienne. Seul le cas de Léonard de Vinci mérite d'être signalé. Le projet dont ce grand esprit a laissé le schéma est plus subtil et plus raffiné en ce qu'il suppose l'utilisation de l'énergie cinétique de masses additionnelles pour assurer le franchissement de points morts ; il n'en relève pas moins de la même critique que tous les autres, mais son auteur, semble-t-il, s'en est rendu compte puisqu'il fut l'un des premiers à professer ouvertement l'impossibilité du mouvement perpétuel.
Dès lors, et sous le signe de contradiction posé par Léonard de Vinci, le modèle du perpetuum mobile évolue vers des formes nouvelles. Le projet de Jacopo Strada, en 1629, en est une expression caractéristique : actionnée par l'eau tombant d'un bassin dans un autre situé plus bas, une roue à aubes devrait à la fois faire tourner des meules et une vis d'Archimède destinée à remonter l'eau dans le bassin supérieur. Ce projet chimérique témoigne bien d'une idée nouvelle, plus générale que celle des rotations simples du Moyen Âge, et au service de laquelle les inventeurs chercheront à mettre les progrès de la physique, notamment les propriétés des fluides, chaque fois que ces progrès solliciteront l'attention de l'actualité : cette idée est celle du circuit fermé, tel que tout petit changement n'aboutit qu'à reproduire la situation qui le précède, ce qui semble permettre d'assurer une circulation indéfinie.
L'étude des oscillations du pendule, la grande acquisition du xviie siècle, inspirera une autre idée, celle du va-et-vient alternatif, qui fait encore le succès de jouets construits de nos jours.
Toutes ces formes de mouvements perpétuels reposent, en définitive, sur la possibilité de faire exister, sans dépense d'énergie, de petits dérangements entretenus automatiquement par rapport à une position d'équilibre.
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Écrit par
- Pierre COSTABEL : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
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