- 1. Le mot et son histoire
- 2. Prose chrétienne et rhétorique classique
- 3. La fabrique du texte
- 4. Les premiers textes en prose en langue d’oïl
- 5. Les traductions de la Bible
- 6. Le XIIIe siècle et l’avènement de la prose française
- 7. Narration et textualité
- 8. Le roman arthurien
- 9. La relation entre prose et vérité
- 10. La prose aux XIVe et XVe siècles
- 11. Les mises en prose
- 12. L’historiographie à la fin du Moyen Âge
- 13. Bibliographie
MOYEN ÂGE La littérature en prose
Les premiers textes en prose en langue d’oïl
Les emplois oraux de la prose des premiers siècles peuvent être seulement documentés d’une manière indirecte. Nous savons, par exemple, que la mémoire des événements passés se transmettait souvent dans des formes réfléchies et élaborées de discours en prose, sans pouvoir toujours se distinguer des contes traditionnels ; des formes douées d’une indéniable stabilité, comme en témoignent les récits recueillis et enregistrés en latin par Grégoire le Grand, et plus tard Gautier Map et Gervais de Tilbury.
Les deux premières attestations de la prose française enregistrent en effet deux performances orales, bien que d’un tout autre genre : le discours politique des Serments de Strasbourg (842) et la prédication du Sermon sur Jonas (milieu du xe siècle). Ces formes relèvent de pratiques codifiées et bien établies : la prédication vernaculaire, instituée par le concile de Tours (813) et, bien qu’il n’y ait aucune trace de dispositions comparables pour le discours politique, la pratique des chefs de guerre de s’adresser à leurs armées d’une manière compréhensible est bien documentée. Les deux textes répondent à des situations d’urgence, respectivement à l’échelle européenne (la crise de l’empire des Francs) et locale (une invasion qui menace la communauté de Saint-Amand-les-Eaux). Leurs finalités sont claires : l’établissement d’un pacte de fidélité et la sauvegarde de la communauté. Leur caractère réfléchi et « monumental » est assuré par l’immanence de modèles illustres, à savoir la tradition juridique latine et celle du commentaire biblique (le commentaire de saint Jérôme au Livre de Jonas). En revanche, le caractère plurilingue (latin, roman et germanique) et supralocal des Serments implique une définition des groupes et des identités linguistiques et géopolitiques tout autre par rapport à celle qui découle du caractère régional du Sermon. Enfin, sur le plan matériel, les Serments sont intégrés dans les Historiae (ou De dissensionibus)filiorumLudoviciPii de Nithard, petit-fils de Charlemagne et conseiller de Charles le Chauve, tandis que le Sermon est transmis par un simple feuillet de parchemin, probablement un brouillon, ce qui en fait le premier autographe de la littérature française (avec des révisions d’auteur).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Nicola MORATO : professeur, chargé de cours de littérature française du Moyen-Âge, université de Liège (Belgique)
Classification
Médias
Autres références
-
AGRICOLE RÉVOLUTION
- Écrit par Abel POITRINEAU et Gabriel WACKERMANN
- 8 076 mots
...siècle, l'agriculture traditionnelle est avant tout une agriculture de subsistance associée à une économie domestique fermée, dite économie de besoin. En Europe occidentale, le domaine héritier direct de la villa carolingienne, composée d'une réserve et de tenures (ou manses), reste l'unité de production... -
AGRICULTURE - Histoire des agricultures jusqu'au XIXe siècle
- Écrit par Marcel MAZOYER et Laurence ROUDART
- 6 086 mots
- 2 médias
Pour tenter de surmonter ces difficultés,à partir de l'an 1000, dans la moitié nord tempérée froide de l'Europe, l'usage de toute une gamme d'outils se répandit, en relation avec l'essor de la sidérurgie. Fourneaux à fonte et forges hydrauliques ont permis de produire... -
ALBIGEOIS (CROISADE CONTRE LES)
- Écrit par Jacques LE GOFF
- 4 152 mots
- 2 médias
Le terme « albigeois » a servi, dès le milieu du xiie siècle, à désigner les hérétiques du Languedoc, bien que l'Albigeois ne paraisse pas, aux yeux des historiens modernes (qui ont continué à user de cette appellation devenue traditionnelle), avoir été le principal foyer de l' ...
-
ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne médiévale
- Écrit par Pierre-Roger GAUSSIN
- 14 136 mots
- 7 médias
Plus de six siècles séparent la Germanie héritée des Carolingiens de cette « fédération de princes » qu'est l'Allemagne de la Réforme. L'histoire de cette longue période offre le contraste entre une politique vainement hantée par l'idée d'empire et la lente formation de la société...
- Afficher les 157 références