- 1. Le mot et son histoire
- 2. Prose chrétienne et rhétorique classique
- 3. La fabrique du texte
- 4. Les premiers textes en prose en langue d’oïl
- 5. Les traductions de la Bible
- 6. Le XIIIe siècle et l’avènement de la prose française
- 7. Narration et textualité
- 8. Le roman arthurien
- 9. La relation entre prose et vérité
- 10. La prose aux XIVe et XVe siècles
- 11. Les mises en prose
- 12. L’historiographie à la fin du Moyen Âge
- 13. Bibliographie
MOYEN ÂGE La littérature en prose
Le roman arthurien
Lancelot-Graal
BnF, cote cliché RC-B-09666
La plus ancienne production arthurienne en prose consiste en quatre cycles ou summae (environ 1210-1240) : les romans de Robert de Boron (Joseph d’Arimathie et Merlin, auxquels s’ajoute, presque sûrement dans une deuxième phase, un Percevalen prose), le Lancelot-Graal, le Tristan en prose, le Guiron le Courtois. Leurs mondes fictionnels et les aventures qu’ils racontent s’inspirent de la tradition latine et romane de la « matière de Bretagne » et se fondent sur l’expansion d’un certain nombre de noyaux diégétiques (les amours de Lancelot et Guenièvre, de Tristan et Iseut, la quête du Graal…) dans le cadre historique de la portion arthurienne du Roman de Brut de Wace, de la naissance de Merlin à la bataille de Salisbury. Ces noyaux sont réorganisés et dotés de prequels et sequels, de récits de transition et d’une étendue événementielle, générationnelle et généalogique qui remonte jusqu’à l’histoire sainte (par exemple, le mythe de la nef de Salomon, de l’arbre de la croix dans l’Estoiredel Saint Graal et dans La Questedel saint Graal). À partir de leur cadre historique et de leurs constructions à entrelacement, les romans arthuriens en prose se structurent d’habitude autour d’un axe biographique qui raconte la vie entière d’un ou de plusieurs protagonistes (par exemple Arthur, Lancelot et Tristan) ou bien une tranche de vie, en général une partie de l’âge mûr (c’est le cas de Balaain, Méliadus, Guiron). La tradition hagiographique est aussi l’un des modèles de référence de cette manière de concevoir les rapports entre personnage et récit. Sa présence est bien visible dans le cas de figures eschatologiques telles que Joseph d’Arimathie, Merlin et Galaad.
Un nombre important de textes littéraires en français composés dans des contextes non francophones sont des romans arthuriens en prose. C’est ainsi le cas des Prophéties de Merlin du pseudo-Richart d’Irlande (Vénétie, environ 1270) et de deux compilations liées à la figure de Rusticien de Pise (Toscane-Ligurie, avant 1274 ?) qui, plus tard, dans les prisons de Gênes, travaillera au Devisement du monde avec Marco Polo (1298). Le processus de cyclisation continue dans la deuxième moitié du xiiie siècle et dans les siècles suivants. La richesse de la tradition manuscrite et imprimée, ainsi que les traductions de textes arthuriens dans presque toutes les langues européennes de culture témoignent assez du succès du genre. Sa fortune s’étend d’ailleurs à la production littéraire dans son ensemble, en donnant lieu à des adaptations et transcodifications comme le cantare italien et le romance espagnol.
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Écrit par
- Nicola MORATO : professeur, chargé de cours de littérature française du Moyen-Âge, université de Liège (Belgique)
Classification
Médias
Livre des merveilles du monde, M. Polo
BnF/ AKG-images
Lancelot-Graal
BnF, cote cliché RC-B-09666
Chroniques, J. Froissart
British Library/ AKG-images
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