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MOYEN ÂGE Le monde médiéval

La civilisation médiévale

Les rapports de l'héritage germanique et surtout classique avec la pensée chrétienne, tel est, en effet, le problème autour duquel peut s'ordonner l'histoire de la civilisation de l'Occident médiéval. Quels en étaient les éléments, quels centres le posèrent, quelles solutions reçut-il ?

Éléments

Au seuil du Moyen Âge, le christianisme était en face d'une société germanique et d'une culture classique. Il avait à se situer par rapport à elles.

Maîtres de l'Occident, les Germains devaient normalement lui imposer leurs conceptions et leurs structures politiques et sociales. Elles étaient d'ailleurs bien moins éloignées de celles de la Rome du ive siècle qu'on ne l'a cru longtemps, et les érudits allemands s'opposent actuellement sur le point de savoir si les institutions des royaumes barbares ont été importées d'outre-Rhin ou ont largement continué, en les abâtardissant plus ou moins, celles du Bas-Empire. Que l'esprit en soit plus germanique que romain semble, de toute façon, peu contestable. Trois traits le définissent. La société est dominée par une aristocratie du sang, de la fortune et de la fonction, ou plutôt de la mission. Elle se fonde sur des relations personnelles plus que sur des organismes : les gens sont moins sujets que compagnons, fidèles, parents, clients. Elle encadre ainsi l'individu dans des groupes qui le protègent et le limitent.

Pour la pensée, les lettres et les arts, les Germains ont apporté peu. Une religion primitive, dont les croyances et les pratiques magiques risquaient de déteindre sur le christianisme. Des épopées capables de raviver le goût épique. Une orfèvrerie ornementale, décorative, « abstraite », qui ignorait l'homme et stylisait la nature.

Le contraste était vif en ce domaine avec l'art classique. Lui était anthropocentrique et réaliste. La littérature également. Et d'une façon générale toute la civilisation gréco-romaine était vouée à l'homme et à son exaltation.

Fallait-il accepter ces legs de deux mondes païens ? La question était surtout difficile pour la culture et plus exactement les lettres classiques. Les rejeter ? Les chrétiens l'avaient fait au début, mais, avec Justin, Origène, Clément d'Alexandrie, ils avaient renoncé à ce « négativisme ». Les réduire à une propédeutique ou un accessoire ; les filtrer pour n'en retenir et n'en diffuser que les données utiles à l'approfondissement de la vie religieuse et à l'élaboration d'une civilisation chrétienne ? Ou tenter de les concilier avec la Révélation ?

La décision dépendait dans une large mesure de la conception que les chrétiens se faisaient du monde. Manichéenne, ce qui entraînait un refus de la création ? Strictement théocentrique, ce qui menait à n'admettre celle-ci que dans la mesure où elle était participation ou reflet de Dieu ? « Humaniste », ce qui conduisait à lui reconnaître une valeur immanente ?

Centres

Vues païennes et vision chrétienne furent, durant une première phase, confrontées surtout dans les cours et plus encore dans les monastères du nord de l'Occident. Les pays méditerranéens, où elle était née, assurèrent d'abord la survie de la culture classique, avec leurs professeurs de grammaire et de rhétorique, avec les précepteurs de leurs grandes familles, avec les évêques sortis de celles-ci, notamment avec Boèce et Cassiodore dans l'Italie du vie siècle et Isidore de Séville dans l'Espagne du viie siècle. Puis, par suite du déclin continu des villes, la majorité de leurs écoles disparurent ; les guerres de Justinien et l'invasion lombarde disloquèrent la classe supérieure dans la première péninsule ; l'expansion arabe arracha la plus grosse partie de la seconde au monde latin. Simultanément, des abbayes s'installèrent et[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Académie royale de Belgique, professeur à l'université de Louvain

Classification

Média

Occident médiéval - crédits : Encyclopædia Universalis France

Occident médiéval

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