MPOX
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Le Mpox, anciennement appelé « variole du singe » (monkeypox, en anglais), est une infection virale d’origine zoonotique (transmise de l’animal à l’homme) endémique dans plusieurs pays d’Afrique de l'Ouest ou centrale. Les cas détectés de Mpox chez l'être humain sont en augmentation dans plusieurs pays africains en raison d'une combinaison de facteurs, surtout l’amélioration de la surveillance et du diagnostic de ce virus, mais également du fait d’une exposition accrue de la population aux animaux porteurs (déforestation, déplacements de population…). Depuis 2022, des cas en nombre croissant sont apparus en dehors d’Afrique, notamment en Europe (France, Espagne, Italie, Royaume-Uni…) et en Amérique du Nord (États-Unis en particulier). Même s’il s'agit dans la majorité des cas d'une maladie bénigne, spontanément résolutive, l’expansion de cette infection au-delà de ses zones habituelles de prédilection nécessite une vigilance particulière que souligne l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en décrétant en 2022, puis en 2024 que cette maladie est une urgence de santé publique de portée internationale.
Origine, classification et structure
L’expression « variole du singe », utilisée jusqu’en 2022, pour désigner la maladie causée par ce virus vient de sa découverte, en 1958, au Danemark, chez des singes de laboratoire qui présentaient des symptômes proches de ceux de la variole humaine. Cette appellation était fort discutable – car il ne s’agit pas là d’une maladie spécifiquement inféodée aux singes – mais était toujours employée en l’absence d’un terme plus approprié pour le nommer. Depuis la fin de 2022, l’OMS recommande l’utilisation du terme « Mpox » pour éviter toute confusion dans la désignation de cette maladie. Le virus responsable de la maladie appartient à la famille des Poxviridae, sous-famille des Chordopoxvirinaeet au genre Orthopoxvirus, au sein duquel on retrouve notamment les virus de la variole (96 % de similitude avec le monkeypox) et de la vaccine. C’est un virus enveloppé (doté d’une membrane lipidique empruntée à la cellule hôte), de grande taille (entre 200 et 250 nm) qui, comme les autres poxvirus, se présente au microscope électronique sous une forme ovale biconcave. Il possède un génome à ADN linéaire bicaténaire (double brin) de 197 kilobases (kb) qui montre une certaine stabilité, avec un taux de mutation plus faible que certains virus émergents à ARN tel le SARS-CoV-2. On retrouve le virus dans de nombreux tissus : peau, poumons, intestins, reins, cerveau ou encore tissus lymphoïdes. Il pénètre dans les cellules par fusion de l’enveloppe virale avec la membrane cellulaire ou par endocytose, suivant le type cellulaire et la souche de virus.
Le premier cas humain associé au Mpox a été détecté en 1970, au Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo, RDC). On connaît à l’heure actuelle deux lignées génétiques distinctes (clades) de ce virus. Le clade I (anciennement clade du « bassin du Congo » ou d’« Afrique centrale ») est associé aux formes cliniques les plus sévères (10 % de mortalité) et circule principalement en RDC, en République centrafricaine et au Gabon. Le clade II (anciennement « ouest-africain »), considéré comme moins virulent mais responsable de l'épidémie mondiale de 2022-2023 et dont la létalité estimée en Afrique se situe aux alentours de 1 %, sévit notamment au Nigeria (500 cas recensés entre 2017 et 2021 et moins de 10 décès) et en Côte d’Ivoire. Les chiffres de mortalité sont à prendre avec précaution car ils dépendent largement du potentiel de diagnostic de chaque pays, mais aussi de la qualité de la prise en charge des personnes infectées. Le clade IIb a été la principale source de l’épidémie mondiale de 2022, alors que le clade I reste[...]
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Écrit par
- Yannick SIMONIN : virologiste, maître de conférences, université de Montpellier
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Médias