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MST (maladies sexuellement transmissibles)

Un exemple : les blennorragies

On analysera les questions particulières que le mode de transmission implique en prenant l'exemple de la plus fréquente des M.S.T., la gonococcie, véritable révélateur des comportements sexuels à risque.

La blennorragie gonococcique

La blennorragie gonococcique, la plus anciennement connue des maladies vénériennes (« Tout homme atteint d'un écoulement de la verge est par là même souillé », Lévitique, xv, 3), a marqué, après la fin des années 1960, une recrudescence étonnante, avec une augmentation de 50 p. 100 de 2008 à 2009.

Aux États-Unis, la gonococcie constitue la maladie transmissible de l'adulte la plus fréquente après la grippe.

Selon des enquêtes sectorielles de l'I.N.S.E.R.M., on assiste, en France, depuis plusieurs années, à une augmentation spectaculaire des cas (d'après les données provenant des laboratoires d'analyse, plus fiables que les déclarations des praticiens) : en un an (2005-2006), le nombre de cas aurait triplé.

Le gonocoque est souvent associé à d'autres germes. On observe, en outre, de plus en plus de souches résistant aux antibiotiques du fait de l'utilisation massive de ceux-ci et de l'automédication. C'est pourquoi la gonococcie constitue donc dans beaucoup de pays, quelle que soit l'organisation politique ou économique, un problème majeur de santé publique.

Période d'incubation

Entre le moment de la contamination et l'apparition des premiers symptômes cliniques, il existe une période muette, la période d'incubation.

Chez l'homme, elle varie entre deux et six jours (en moyenne, trois jours), mais, si le malade présente une anomalie congénitale, un prépuce long, un frein court, cette période peut être modifiée.

Chez la femme, la phase silencieuse se situe théoriquement entre deux et sept jours, mais, les premiers symptômes étant en général fort discrets, elle reste très souvent impossible à préciser.

Bien que dépourvue de tout signe clinique, cette période est contagieuse.

Aspects cliniques typiques

La gonococcie se présente de façon très différente chez l'homme et chez la femme.

Gonococcie masculine

Chez l'homme, la gonococcie est essentiellement localisée au niveau de l'urètre.

Au début d'une urétrite aiguë, le malade se plaint pendant un temps très variable (de quelques heures à deux jours) de démangeaisons au niveau du méat (extrémité de la verge), tandis qu'un suintement apparaît, entraînant une sensation de brûlure au moment des mictions, d'où le nom populaire de « chaude-pisse » donné à cette maladie. Très rapidement, la sécrétion devient plus abondante. À ce stade de la maladie, l'examen microbiologique du pus, après étalement sur lame et simple coloration au bleu de méthylène, décèle des gonocoques qui se composent de deux éléments réniformes opposés en « grain de café » par leur face concave et entourés d'une capsule les séparant les uns des autres (cf. phagocytose, photo). Un traitement immédiat aboutit dans plus de 96 p. 100 des cas à une guérison définitive. En revanche, si le malade n'est pas traité, les émissions d'urine deviennent douloureuses, tout le canal de l'urètre va être atteint et les urines sont alors très troubles.

Dans un petit nombre de cas (moins de 5 p. 100), l'urétrite se manifeste sous forme d'une petite sécrétion peu ou pas douloureuse. C'est ce qu'on appelle la forme subaiguë d'emblée.

Si un traitement correct n'a pas été prescrit dès le début, ou bien s'il s'agit de récidivistes n'ayant pas suivi les conseils d'hygiène ou de régime, ou encore dans le cas d'une souche de gonocoques particulièrement virulente, il peut survenir des complications génitales soit au niveau des organes situés dans les bourses (testicules et épididymes), soit au niveau[...]

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Écrit par

  • : docteur ès sciences naturelles, ancien chef de l'unité de biologie des tréponématoses, Institut Alfred-Fournier, centre collaborateur de l'Organisation mondiale de la santé
  • : chef de consultation à l'hôpital Saint-Louis, ancien directeur de l'Institut Alfred-Fournier

Classification

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