- 1. Présentation clinique de la mucoviscidose
- 2. Épidémiologie de la mucoviscidose
- 3. Le gène et la protéine CFTR
- 4. Les relations génotype CFTR/phénotype clinique
- 5. Histoire et géographie des mutations du gène CFTR
- 6. Diagnostic précoce de la mucoviscidose
- 7. Les traitements de la mucoviscidose : la révolution des thérapies « mutations spécifiques »
- 8. Bibliographie
- 9. Sites internet
MUCOVISCIDOSE ou FIBROSE KYSTIQUE DU PANCRÉAS
Diagnostic précoce de la mucoviscidose
La connaissance précise et quasi-parfaite aujourd’hui des mutations du gène permet dans plus de 99 % des cas d’affirmer le génotype des patients ; et de nouveaux progrès dans le diagnostic – néonatal, anténatal ou de dépistage familial en cascade – ont été réalisés. Cette connaissance des données moléculaires est indispensable à la confirmation du diagnostic de la maladie et pour avertir les familles des risques ; c’est également un marqueur pronostique de la sévérité de la maladie.
Dépistage néonatal
Le dépistage néonatal a été proposé par quelques équipes pionnières comme celle de Philip Farrell, à Madison, aux États-Unis, ou celle de Georges Travert, à Caen, en Normandie. Les premiers tests proposés reposaient sur le dosage de la trypsine immuno-réactive (TIR, la trypsine étant une enzyme pancréatique) sur une tache de sang prélevé au troisième jour de vie chez tous les nouveau-nés (dans le cadre du test de Guthrie qui permet de repérer cinq maladies rares sur un même échantillon). Si ce test était sensible, il n’était pas spécifique, ce qui entraînait de nombreux faux positifs. Sa spécificité a été grandement améliorée à partir des années 1990 par la recherche des principales mutations du gène – au début des années 2020, 30 mutations sont spécifiquement recherchées grâce à des techniques d’amplification génique (PCR multiplexe) sur des prélèvements TIR positifs. Les trypsines immunoréactives étant dosées chez tous les nouveau-nés, on a observé que les taux les plus élevés correspondaient à environ 0,5 % de la totalité des trypsines testées. Ces échantillons (c’est-à-dire les 0,5 %) étaient très enrichis en sujets atteints de mucoviscidose. La valeur prédictive positive de ce test étant très élevée, il a été mis en place dans la majorité des pays européens, aux États-Unis et en Australie, ce qui permet un dépistage précoce dans les premières semaines de vie en population et a présenté le grand avantage de permettre l’organisation de la prise en charge des patients par la création de centres spécialisés – en France, les centres de ressources et de compétence de la mucoviscidose (CRCM). Dès les premières semaines de vie, les patients sont suivis dans ces CRCM où exercent des médecins et des équipes médicales dédiés à la prise en charge de la mucoviscidose. Cette organisation a contribué à l’amélioration nutritionnelle des patients, à leur suivi régulier et désormais à la mise en place des thérapies spécifiques de la maladie.
Diagnostic anténatal de la maladie
De transmission récessive, la maladie survient le plus souvent alors qu’il n’y a aucun antécédent connu dans les familles. Depuis les années 1990, au cours du suivi échographique systématique des grossesses, dans 10 % environ des cas, les gynécologues sont confrontés à la découverte d’un intestin hyperéchogène, en général autour de la vingtième semaine d’aménorrhée. Cette découverte n’est pas spécifique de la mucoviscidose et peut être associée à d’autres pathologies, mais elle doit conduire à une exploration du gène CFTR chez les parents au moyen d’une analyse complète de la région codante du gène par la technique de séquençage de l’ADN dit de nouvelle génération (NGS). S’ils sont tous deux porteurs d’un gène muté à l’état hétérozygote, le diagnostic doit être confirmé chez le fœtus par un prélèvement de cellules amniotiques. C’est aujourd’hui environ 5 % des mucoviscidoses qui sont diagnostiquées in utero, avec la difficulté pour ces couples non préparés au diagnostic de cette maladie génétique de devoir prendre la décision d’avoir ou non recours à une interruption médicale de grossesse (IMG). Dans un suivi datant de quelques années en Bretagne, 95 % des couples concernés ont fait cette demande.[...]
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Écrit par
- Claude FÉREC : professeur des Universités, praticien hospitalier (PU/PH), professeur émérite de génétique médicale, université de Brest
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Médias
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