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MUDDY WATERS (1915-1983)

Tout en ayant su garder les tenaces couleurs du sud des États-Unis, la voix de Muddy Waters a réussi à étendre son influence bien au-delà des côtes de l'Amérique et des frontières de ce monde clos qu'est le blues.

Muddy Waters — de son véritable nom McKinley Morganfield — naît le 4 avril 1915 à Rolling Fork (Mississippi). Fils de paysans, il joue très vite de l'harmonica et de la guitare. De ses débuts de chanteur de blues, nous ne savons pratiquement rien, si ce n'est qu'il a pu approcher des figures de légende comme Son House et Henry Sims. Sa vie, jusqu'au commencement des années 1940, est celle d'un chanteur itinérant, se produisant seul ou en compagnie de quelques instrumentistes. En 1941, Alan Lomax le découvre et l'enregistre pour la Bibliothèque du Congrès. C'est le véritable début de sa carrière. Il enregistre ses premiers disques commerciaux en 1946, avec le guitariste Jimmy Rogers, et sera rejoint quelque temps plus tard par Little Walter. En 1947, il s'installe à Chicago, où il s'impose comme l'un des plus parfaits représentants du Southside. Il y fréquente Big Bill Broonzy, Sonny Boy Williamson (premier du nom) et Memphis Slim. Il dirige le groupe Hoochies Coochies Boys, avec lequel il effectue de nombreuses tournées dans tous les États-Unis. Il popularise, pour accompagner le blues, une formation instrumentale que l'on a pris l'habitude d'appeler Chicago BluesBand, et qui comporte une ou plusieurs guitares, une guitare basse, un piano, un harmonica et une batterie. Sa renommée continue de s'étendre. Il chante en Angleterre (1958), participe au festival de Newport (1960) et visite même l'Europe avec l'American Folk Blues (1963). À partir de cette époque, il influence profondément les musiciens de style rock and roll et un grand nombre de groupes formés après 1964 (The Rolling Stones, The Animals, Kinks...). Il meurt à Westmont (Illinois) le 30 avril 1983.

La manière de Muddy Waters est très particulière. Il fait glisser sur les cordes un tube métallique (bottleneck) grâce auquel il tire de l'instrument des sons étranges et plaintifs, parcourus de glissandos en quart de ton des plus expressifs. Il est le chantre de la population noire entassée dans les villes et se fait le bouleversant interprète de sa difficulté de vivre. Sa voix sombre et chaude, puissamment dramatique, est l'une des plus émouvantes qu'ait connues le blues.

On pourra consulter : Francis Hofstein, Muddy Waters, Actes sud, Arles, 1996.

— Pierre BRETON

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