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ALI MUHAMMAD, CASSIUS CLAY puis (1942-2016)

La reconquête du titre

Sa pénitence s'achève le 20 juin 1970 : la Cour suprême de l'État de New York annule le jugement qui avait condamné Ali – non parce que son bon droit est reconnu, mais parce que le FBI avait procédé à des écoutes illégales. Il récupère sa licence et peut de nouveau boxer. À la fin de 1970, il retrouve les rings et défait deux boxeurs de bon niveau, Jerry Quarry puis Oscar Bonavena.

Durant sa longue absence, un nouveau maître s'est imposé dans la catégorie des poids lourds : Joe Frazier, qui a conquis le titre mondial le 16 février 1970. Dès lors, pour le boxing business, il s'agit de monter un combat pour le titre entre Frazier et Ali. Le « combat du siècle » – expression qui prend là tout son sens et qui sera par la suite maintes fois galvaudée – se déroule le 8 mars 1971 au Madison Square Garden de New York. Ce combat fut l'un des plus attendus de l'histoire, et il demeure l'un des plus célèbres. Les deux champions se présentent invaincus. L'opposition des styles est totale : « Smokin' Joe » est un poids lourd trapu, dans le plus pur style traditionnel de cette catégorie, avançant sans cesse sur son adversaire, le martelant de coups. L'affrontement est sans merci, mais Ali, absent des rings durant plus de deux ans alors qu'il se trouvait au faîte de sa forme, a perdu de sa superbe. Durant quinze rounds, Joe Frazier fait parler sa puissance, alors que Muhammad Ali tente surtout d'esquiver les coups ; lors de la dernière reprise, Frazier inflige à Ali un knock-down d'un crochet du gauche. Sa victoire aux points est indiscutable.

Cette confrontation mémorable méritait une revanche. Elle aura bien lieu, le 28 janvier 1974 à New York, mais l'enjeu n'est plus le titre mondial. En effet, une nouvelle terreur règne désormais sur la catégorie des poids lourds : George Foreman, qui a conquis le titre en mettant Frazier KO au deuxième round le 22 janvier 1973 à Kingston (Jamaïque). Toujours est-il que Muhammad Ali s'impose, cette fois, en douze reprises, face à Joe Frazier.

Avec cette victoire, Ali est devenu le challenger naturel de Foreman pour le titre. Le combat entre les deux hommes dépasse largement le seul cadre sportif. Don King, le sulfureux promoteur des grands matchs de boxe, à court d'argent, a l'idée de « délocaliser » l'événement. Celui-ci se déroulera à Kinshasa. Le général-dictateur Mobutu voit là l'occasion de redorer auprès de son peuple son image, ternie par la gigantesque faillite économique du Zaïre (auj. République démocratique du Congo). Le Tiers Monde et l'Afrique s'invitent ainsi à la table du boxing business. Surenchère médiatique aidant, Ali se voit promu représentant de la cause des Noirs, des anciens esclaves, de l'Afrique. Foreman, noir lui aussi, est catalogué comme le défenseur des valeurs traditionnelles de l'Amérique (en 1968, quand il était devenu champion olympique des lourds à Mexico, il avait exhibé un petit drapeau des États-Unis, alors que ses frères de couleur, Tommie Smith et John Carlos notamment, manifestaient sur les podiums leur opposition à la ségrégation raciale). Néanmoins, sur le plan pugilistique, George Foreman, vingt-cinq ans, qui a défendu deux fois son titre depuis son succès face à Frazier, en humiliant Jose Roman (KO au 1er round) puis Ken Norton (KO au 2e round), ne semble pas devoir craindre Muhammad Ali, trente-deux ans. Le combat est prévu au début de septembre 1974. Mais Foreman se blesse à l'entraînement, et, peut-être inquiet, envisage de rentrer aux États-Unis, de renoncer à se mesurer à Ali et d'accorder plutôt une revanche à Frazier. On le retient, le match a lieu le 30 octobre. Lors de ce combat, connu sous l'expression The Rumble in The Jungle, Muhammad Ali parvient à mettre en œuvre la stratégie[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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Média

Muhammad Ali contre Sonny Liston - crédits : Bettmann/ getty Images

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