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HAYKAL MUḤAMMAD ḤUSAYN (1888-1956)

Né en 1888 d'une famille aisée de la bourgeoisie égyptienne, Muḥammad Ḥusayn Haykal étudie le droit en Égypte. Boursier en France, il soutient, en 1912, une thèse d'université sur La Dette publique égyptienne. C'est en France qu'il écrit le roman Zaynab, tableaux et caractères égyptiens (Zaynab, Manāzir wa Akhlāq Rīfiyya) publié anonymement en 1914 au Caire.

Rentré en Égypte, devenu l'un des dirigeants du parti libéral-constitutionnel, il détient à plusieurs reprises le portefeuille de l'Instruction publique. De 1945 à 1950, il assume la présidence du Sénat. Il fonde un journal hebdomadaire, La Politique (As-Siyāsa), où il publie des études littéraires qu'il réunit dans un livre : Aux moments de loisir (Fī Awqāt Al-Farāgh, 1925). Fervent admirateur de J.-J. Rousseau, il lui consacre, en 1924, une importante étude. Il écrit ensuite une série de biographies des grandes personnalités musulmanes dont une Vie de Mahomet (1935). Peu avant sa mort paraît son second roman Ainsi est-elle faite (Hākada Khuligat). Il s'agit de l'autobiographie d'une femme intelligente, sensible et cultivée qui souffre de ne pas être prise en considération par une société conservatrice. Deux fois elle se marie, deux fois elle divorce. Consciente de sa supériorité, elle s'enferme dans une solitude dédaigneuse. Mais cette solitude lui inspire « un sentiment d'amertume dû à la solitude qui la sépare des hommes. Parfois même, cette amertume la mène au bord du désespoir. »

Ainsi est-elle faite a obtenu un succès d'estime. En revanche, Zaynab a exercé une profonde influence sur la littérature arabe, ce qui s'explique par le fait qu'il s'agit là du premier roman qui mette au premier plan le thème de l'existence paysanne. Les poètes continuaient, en effet, à imiter la poésie classique qui exprimait les besoins d'une société bédouine. Quant à la prose, elle a été, depuis sa naissance, l'expression d'une élite citadine dont elle reflétait les préoccupations égocentristes. Le paysan fait donc son apparition dans les lettres arabes. Influencé par La Nouvelle Héloïse, Haykal donne pourtant une description assez idyllique de la vie des fellahs : « Malgré leur misère infinie, ils connaissent, grâce à leur endurance, une certaine forme de bonheur. Sur ces visages brunis par le hâle s'épanouit un sourire de contentement. »

Cette conception lyrique de la vie des paysans a séduit le lecteur arabe et en particulier le citadin qui, lassé par le tumulte de la ville, rêve de lieux paradisiaques où règnent calme, innocence et bonheur. Cependant, cette veine pastorale fut exploitée abusivement par des esprits conservateurs désireux de protéger les valeurs traditionnelles. ‘Abd al-Rahmān al-Sharqāwi n'a donc pas tort de reprocher à Haykal une position utopique qui masque la réalité en taisant les problèmes auxquels se heurte le fellah.

— Sayed Attia ABUL NAGA

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Écrit par

  • : docteur ès lettres (Sorbonne), agrégé de l'Université, interprète à l'O.N.U., Genève

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