IDRĪS Ier, MUḤAMMAD IDRĪS AL-MAHDĪ AL-SANŪSĪ (1890-1983) roi de Libye (1951-1969)
Roi de Libye (1951-1969). Mohamed Idris as- Sanoussi est né le 13 mars 1890 à El-Jaghboub dans le nord-est du désert libyen, non loin de la frontière égyptienne. Oasis perdue entre sebkhats et dunes, El-Jaghboub était le siège de la « Zaouiya mère » de la confrérie sanoussiya. Idris est le fils aîné de Mohamed el-Mahdi as-Sanoussi et le petit-fils du prestigieux fondateur de la tariqa sanoussiya (la voie de la confrérie sanoussiya). À l'âge de quatorze ans, le jeune Idris perdit son père alors qu'il l'accompagnait au Soudan ; c'est son oncle Mohamed ach-Charif qui s'occupa de lui et l'aida à parfaire son éducation religieuse. En 1914, il effectua son premier pèlerinage à La Mecque où il fut reçu en hôte de marque par les autorités ottomanes et le chérif de La Mecque. À son retour, les siens le proclamèrent émir de Barqa (Cyrénaïque) et des Oasis : il reçut la bay'a à Ajdabya, dont il fit sa capitale. Le sultan ottoman le reconnut et l'éleva à la dignité de pacha. À vingt-quatre ans, il entrait ainsi de plain-pied dans la vie politique mouvementée de son pays. Depuis 1911, les Italiens occupaient le nord-ouest du pays, et l'existence même de son émirat ne dépendait que de leur bon vouloir. Ils signèrent avec lui un traité qui fut abrogé par Mussolini dès son arrivée au pouvoir. L'émir de Barqa et des Oasis dut alors s'exiler en Égypte, ce qui lui fut sévèrement reproché par la suite ; la résistance libyenne, qui était en pleine réorganisation, avait, en effet, besoin d'un chef, et elle fut perturbée par son départ. Elle fut sauvée - pour un certain temps - grâce à l'arrivée d'un cheikh pourvu d'un courage hors du commun et d'une parfaite maîtrise de la stratégie de la guérilla en milieu désertique, Omar El-Mokhtar. La résistance libyenne fit preuve d'une efficacité inégalée sur le terrain et parvint à porter des coups sévères à l'armée d'occupation malgré la violence de la répression. Les Italiens ne parvinrent à briser la résistance libyenne que plusieurs années plus tard, après la capture, la condamnation et l'exécution du « lion du désert » en 1931. Quant à l'émir Idris, il était certes le chef en titre de la résistance, mais, durant vingt-deux ans, il mena une existence tranquille dans un faubourg du Caire, réellement coupé de son peuple.
La Seconde Guerre mondiale allait lui offrir l'occasion de sortir de son exil et d'agir. Dès 1940, il demanda en effet à tous les leaders tripolitains d'oublier leurs querelles et de participer activement à la lutte de libération de leur pays.
L'« émir des Oasis » essayait ainsi d'attirer à lui les Tripolitains, eux qui n'avaient jamais accepté de lui faire la moindre allégeance et qui lui reprochaient d'être un peu trop sous la coupe des Britanniques en Égypte ; les leaders tripolitains, quant à eux, ne pouvaient pas négliger la possibilité de chasser les Italiens en même tant que les Allemands aux côtés des Alliés. Finalement, une partie des Tripolitains accepta de former avec l'émir un contingent de Libyens qui combattit aux côtés de la VIIIe année britannique. Une autre partie, refusant de se soumettre à l'autorité d'Idris, demanda à former autour de son chef Norayyed as-Souihli et du Comité tripolitain un contingent à part. Ainsi se concrétisait la contestation du pouvoir de l'émir par les Tripolitains et s'accentuait le particularisme régional qui divisa longtemps les Libyens entre Cyrénéens et Tripolitains, alors qu'au sud les Français allaient occuper le Fezzan. Malgré cela, l'émir prit alors une part active dans la bataille et participa personnellement au siège de Tobrouk. Il parvint à obtenir des Alliés que son pays, en compensation de l'action des Libyens, ne soit plus jamais placé[...]
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Écrit par
- Taoufik MONASTIRI : ingénieur d'études
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