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MUḤAMMAD REZA PAHLAVI (1919-1980) shāh d'Iran (1941-1979)

Muhammad Reza Pahlavi, 1953 - crédits : Keystone/ Getty Images

Muhammad Reza Pahlavi, 1953

Muḥammad Reza (Rīza) est le fils aîné de Reza shāh. Élevé à l'École des cadets, il reçoit une éducation française et poursuit ses études en Suisse de 1931 à 1936. À son retour en Iran, son père l'initie à la vie politique et, tout en fréquentant le collège militaire de Téhéran, il se prépare au rôle d'héritier du trône. Son père ayant abdiqué en 1941, Muḥammad Reza prête serment et devient shāh le 17 septembre de la même année. Il annonce aussitôt la redistribution des terres de la Couronne, décrète l'amnistie générale de tous les prisonniers politiques et se ménage le soutien de l'armée. La réaction ne tarde pas à se manifester, notamment de la part des forces religieuses hostiles aux réformes. Le shāh reçoit Roosevelt, Churchill et Staline à Téhéran en novembre 1943 et obtient d'eux que soit respectée l'intégrité de l'Iran. La guerre finie, il se tourne vers les États-Unis pour contrebalancer la politique des Britanniques et surtout celle des Soviétiques dont il redoute une intervention. Ayant échappé à plusieurs attentats, notamment en 1949, le shāh est convaincu qu'il est placé sous « protection divine » et qu'il a une « mission » à accomplir pour son pays. Il fait alors interdire le Parti communiste iranien (Tudeh) et accomplit son premier voyage aux États-Unis. De ces derniers il sollicite une aide économique et surtout le renforcement des forces armées de l'Iran (aviation, armes blindées). Militaire de formation et fidèle aux idées de son père, il estime indispensable, pour gouverner, le soutien de l'armée et s'en assure le contrôle. Aussi lorsqu'en 1952 le Premier ministre Mossadegh s'attribue le portefeuille de la Défense nationale et place à la tête de l'armée des officiers peu favorables au shāh, il se donne les moyens de préparer l'avènement de la république. Le shāh le laisse agir et, lorsque la situation est devenue critique, il le fait arrêter et rentre triomphalement à Téhéran accompagné de son épouse Soraya. Il ne laisse plus alors à son cabinet qu'un rôle de conseiller. Se voulant « despote éclairé », il intervient directement dans l'établissement des programmes de développement économique et des projets de réformes sociales, tenant ses ministres pour responsables devant lui. Il choisit délibérément de se ranger aux côtés des puissances occidentales et se fait le défenseur d'un nationalisme positif opposé à celui de Mossadegh, en ce qu'il n'est pas neutralité passive mais défense des intérêts du pays. Toute atteinte au prestige de la nation (trahison, subversion, démagogie) est vigoureusement réprimée. Le progrès économique facilité par les revenus pétroliers et la justice sociale figurent parmi ses objectifs principaux. En 1957, il crée l'Organisation de sécurité nationale iranienne et fonde deux partis politiques. Le Parti nationaliste (Melliyun) a pour mission, en tant que parti majoritaire à l'Assemblée (Majlis), de soutenir le gouvernement. Le Parti du peuple (Mardom) figure l'opposition et doit se borner aux critiques touchant les affaires intérieures, la politique extérieure ne pouvant être mise en question par qui que ce soit. En 1958, le shāh crée la fondation Pahlavi, qui permet aux ressources de la Couronne d'être affectées notamment à l'amélioration de la santé publique et à l'alphabétisation. Il s'emploie parallèlement à lutter contre la corruption et à appliquer la réforme agraire.

Bien que la naissance du prince héritier tant attendu que lui donne sa troisième épouse Farah Diba, en 1960, l'encourage dans sa mission, le shāh se heurte à ses propres alliés politiques et ne parvient pas à mettre ses projets en œuvre. Or, responsable aux yeux du peuple de tout acte politique, il lui faut agir rapidement, sous[...]

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Muhammad Reza Pahlavi, 1953 - crédits : Keystone/ Getty Images

Muhammad Reza Pahlavi, 1953

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