MULHOUSE
Ville née de l'industrie textile – le « Manchester français » –, Mulhouse, dans le Haut-Rhin, constitue un cas particulier en Alsace, avec un brassage continu de populations et un patrimoine de brique, de fer et de béton. Ses manufactures ont été ruinées à partir des années 1950, mais l'arrivée de Peugeot, le travail frontalier et la montée en puissance des services ont permis sa reconversion. La commune compte 113 700 habitants et l'aire urbaine 284 700 habitants (en 2013).
À l'écart des axes de communication, le site de Mulhouse est une butte de lœss insubmersible, forte d'un moulin (mul, qui a donné son nom à la ville) et de terres viticoles abbatiales. Le bourg devient la propriété de l'évêque de Strasbourg (1033) et l'empereur Frédéric II Hohenstaufen y autorise un Conseil en 1233. Ville libre impériale en 1273, Mulhouse entre dans la Décapole en 1354. Entourée de campagnes aux mains des Habsbourg, Mulhouse signe un pacte d'alliance avec Bâle (1506). Les relations avec les cantons helvétiques favorisent l'introduction de la Réforme (1523). La ville reste une enclave suisse en France après les traités de Westphalie (1648). En 1746, la ville devient industrielle lorsque de jeunes bourgeois (Jean-Henri Dollfus, Jean-Jacques Schmaltzer, Samuel Kœchlin et Jean-Jacques Feer) lancent l'indiennage, c'est-à-dire l'impression de cotonnades à la planche. L'industrie textile (tissage, filature) se développe et les « pères fondateurs » sont à l'origine de la société DMC (Dollfus Mieg et Cie) en 1800. Lors de la Révolution française, le blocus économique conduit les Mulhousiens à s'unir à la France (1798). À partir du textile, la « ville aux cent cheminées » se diversifie vers la chimie et les constructions mécaniques. Entre 1839 (première ligne entre Mulhouse et Thann) et 1850, le chemin de fer transforme Mulhouse en carrefour. Dès 1826, les grandes familles protestantes animent la Société industrielle de Mulhouse. Elles créent un modèle social reposant sur le paternalisme (cité-jardin de la Cité). À partir de 1871, la ville subit les chocs successifs des changements de nationalité. Le gouvernement impérial allemand, méfiant envers une ville francophile et ouvrière, fait construire de nombreuses casernes. Le patronat mulhousien transfère ses investissements vers la France, autant par patriotisme que par opportunisme économique ; toutefois, de nouvelles activités émergent, comme l'électromécanique avec Clemessy (1908) et l'aviation avec l'Aviatik (1911). Après le retour à la France en 1918, dont on attendait beaucoup, la croissance, démographique et économique, reste faible. En juin 1940, la ville est occupée ; elle sera libérée par la Ire armée française (De Lattre de Tassigny) le 21 novembre 1944. L'expansion démographique reprend après la guerre ; sont alors construits des immeubles collectifs (cité Wagner, quartier Brossolette à Bourtzwiller) puis la ZUP des Coteaux (1958). Mais le modèle industriel est à bout de souffle. Le maire fait raser des friches industrielles (la Dentsche) et construire la Tour de l'Europe (François Spoerry, 1972), le plus haut bâtiment de la ville. En 1962, le groupe Peugeot s'installe dans la forêt de la Hardt : l'usine Indenor, qui fabriquait des boîtes de vitesses, est devenue l'usine Peugeot-Citroën, forte d'environ 8 000 salariés dans les années 2010.
Dans l'attente de la réussite de sa reconversion industrielle, Mulhouse doit gérer de nombreux problèmes. Les dernières usines disparaissent : l'extraction de la potasse a été stoppée en 2002 ; aux mains du Finlandais Wärtsilä, la SACM (Société alsacienne de constructions mécaniques, créée en 1872) cesse sa production en 2003 ; la société DMC (500 salariés, fil à broder) met son site en vente en 2004. L'agglomération[...]
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Écrit par
- Raymond WOESSNER : maître de conférences de géographie, enseignant-chercheur à l'I.U.F.M. d'Alsace, Strasbourg
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Autres références
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ALSACE
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Françoise LÉVY-COBLENTZ et Raymond WOESSNER
- 6 482 mots
- 2 médias
...développement urbain. Strasbourg, qui se libère en 1262 de la tutelle de son évêque, se voit reconnaître le titre rare de « ville libre » ; dix autres villes impériales dont Wissembourg, Haguenau, Colmar etMulhouse, s'unissent en 1354, dans une ligue, la Décapole, qui se maintiendra durant trois siècles. -
FRANCE (Histoire et institutions) - Formation territoriale
- Écrit par Yves DURAND
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