MULLIGAN GERALD dit GERRY (1927-1996)
Le premier, Harry Carney avait, dans l'orchestre de Duke Ellington, donné à la fois son indépendance et ses lettres de noblesse à l'encombrant saxophone baryton. Mais c'est à Gerry Mulligan que cet instrument doit véritablement son statut de soliste à part entière, et sa célébrité. Le saxophoniste – mais aussi pianiste, compositeur, arrangeur et chef d'orchestre – n'est pourtant pas de ceux qui impressionnent une génération par l'éclat de prouesses techniques ou l'audace des improvisations. Dans un langage qui n'appartient qu'à lui s'expriment la très fine sensibilité et la sincérité d'un musicien qui a donné à la brûlante histoire du jazz une touche de fraîcheur.
Gerald Joseph Mulligan naît le 6 avril 1927 à Queens Village (Long Island, État de New York). Son enfance se passe à Philadelphie, où il étudie le piano, la clarinette et le saxophone alto. Encore adolescent, il se consacre à l'écriture musicale et vend ses premiers arrangements à une station de radio locale. Rapidement remarqué, il travaille avec Elliot Lawrence (1945) et Gene Krupa (1946). C'est dans l'orchestre de Claude Thornhill qu'il rencontre Gil Evans. Avec lui, il participe au nonette de Miles Davis et à l'enregistrement de son illustre album, Birth of the Cool (1949-1950) ; pour l'occasion, un Gerry Mulligan de vingt-deux ans compose Jeru et Venus De Milo, et arrange Godchild. Après ce coup d'éclat, le jeune musicien est appelé par Stan Getz, Kai Winding et George Wallington. En 1952, il réalise quelques orchestrations pour Stan Kenton (Young Blood). Il fonde la même année avec Chet Baker (trompette) un quartette où se succéderont Bob Whitlock, Carson Smith et Joe Mondragon à la basse, Chico Hamilton et Larry Bunker à la batterie. Il s'agit d'une formation à l'originalité certaine car, s'appuyant sur les indéniables aptitudes contrapuntiques de Gerry Mulligan, elle se passe des services du piano. À la tête d'un ensemble du même type – Bob Brookmeyer, Red Mitchell et Frank Isola –, il se produit en 1954 au festival de Paris. En 1955, avec l'addition de Zoot Sims et de Jon Eardley, le musicien s'essaie au sextette. Mais il revient bien vite à ses premières amours avec un nouveau quartette où la trompette sera tenue par Chet Baker puis par Art Farmer (1958). Afin de jouer ses propres arrangements, il fonde un orchestre de treize musiciens, le Concert Jazz Band (1960). Le succès n'étant guère au rendez-vous, il se tourne une nouvelle fois vers le quartette avec la complicité de Bob Brookmeyer. C'est pour lui une période d'intense activité discographique avec des jazzmen aussi divers que Lee Konitz, Thelonious Monk, Paul Desmond, Johnny Hodges, Ben Webster ou Tommy Flanagan. Pour les tournées et les enregistrements, il est l'invité permanent du Dave Brubeck Quartet. En 1971, il crée un nouveau sextette, Age of Steam, à qui il offre des compositions et des couleurs inédites. Gerry Mulligan, qui adopte alors le saxophone soprano, fait appel à la guitare ainsi qu'au vibraphone et utilise pour la première fois l'amplification électrique. C'est avec cet ensemble qu'il se produit à Paris en 1977. Il joue avec Charlie Mingus au Philharmonic Hall de New York, retrouve Chet Baker au Carnegie Hall de la même ville, s'associe avec le bandonéoniste argentin Astor Piazzolla et dirige un big band en Europe (1982). On fête encore le soliste au Kool Jazz Festival de New York (1983). Ses derniers partenaires ont pour noms Teddy Wilson, Duke Ellington, Stéphane Grappelli et Scott Hamilton. Il meurt à Darien, dans le Connecticut, le 20 janvier 1996. Il avait, comme musicien mais aussi comme acteur, participé à plusieurs films, parmi lesquels I Want to Live, de Robert Wise (1958) et Jazz on A Summer's Day, de Bert Stern[...]
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Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
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Autres références
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- Écrit par Pierre BRETON
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DAVIS MILES - (repères chronologiques)
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Septembre 1944 Miles Davis s'installe à New York, officiellement pour préparer son entrée à la Juilliard School of Music, en réalité pour rencontrer Charlie Parker.
1945-1948 ...
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JAZZ
- Écrit par Philippe CARLES , Jean-Louis CHAUTEMPS , Encyclopædia Universalis , Michel-Claude JALARD et Eugène LLEDO
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...), Zoot Sims (Zootcase) et Al Cohn (Wee Dot). Au saxo alto s'affirme le jeu fluide et très réfléchi de Lee Konitz (Lover Man), tandis que Gerry Mulligan s'impose à la fois comme un arrangeur de premier plan (Jeru) et comme le meilleur spécialiste, depuis Harry Carney, du saxo baryton, sur...